Commentaires sur : Déchirement et rencontre https://www.revue-sources.org/dechirement-et-rencontre/ Thu, 16 Feb 2017 10:37:33 +0000 hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 Par : Pierre X. Angleys https://www.revue-sources.org/dechirement-et-rencontre/#comment-73 Sun, 12 Feb 2017 17:33:47 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=2140#comment-73 Bon, je me lance, je voudrais apporter un témoignage sur le fait que tous les « foyers mixtes » ne baissent pas les bras. Je ne voudrais pas croire que mon épouse et moi-même soient « l’exception qui confirme la règle », j’espère que d’autres personnes pourront aussi indiquer qu’un mariage entre un catholique et une protestante (ou inversement) n’ont pas été stériles dans la transmission de la foi chrétienne aux enfants d’un tel mariage.
Voici notre histoire: nous nous sommes rencontrés en Côte d’Ivoire en 1970. Elle était Américaine, presbytérienne (calviniste), volontaire du Corps de la Paix et enseignante d’anglais . Le Peace Corps avait été inventé par John Kennedy pour prouver que les USA pouvaient aussi contribuer dans les pays en voie de développement. Et moi le Français, catholique de souche ayant fait mes études secondaires dans un collège tenu par des prêtres, j’étais diplômé d’une école d’ingénieurs en mécanique. J’avais été envoyé par le Ministère de la Coopération pour enseigner maths, physique, sciences naturelles et histoire dans le même collège d’enseignement secondaire. Nous nous plûmes au premier regard 🙂
Nous avons, après deux ans d’Afrique noire, décidé de faire des maîtrises (masters) dans nos domaines, elle en linguistique, moi en ingénierie. Nous nous sommes retrouvés dans la même université au Michigan et 6 mois plus tard, nous nous sommes mariés à Kansas-City, là où elle avait grandi, avec messe et bénédiction dans un paroisse catholique, suivies d’un mariage chez les presbytériens où officiait le pasteur qui l’avait accompagnée pendant toute son enfance.
Notre fils naquit deux ans plus à Genève où j’avais été embauché par une grande firme américaine, il fut baptisé chez les catholiques; notre fille naquit quatre ans plus tard en Arabie Saoudite, elle fut baptisée chez les presbytériens. Puis nous revînmes dans la région genevoise. En grandissant, nos enfants reçurent double dose linguistique (français et anglais) et double dose d’éveil à la foi et de catéchisme : chez les catholiques avec papa dans la paroisse où j’étais actif et où ils venaient avec moi à la première messe du dimanche à 8h30 ; et chez les presbytériens de l’Église d’Écosse à l’Auditoire de Calvin où ils allaient avec maman qui chantait dans la chorale à 11h. Ils y suivaient l’école du dimanche, et le mercredi allaient au catéchisme catholique du village où nous habitions. Ils eurent leur première communion côté catholique. L’un confirma côté presbytérien, l’autre côté catholique.
Après leur baccalauréat, tous deux voulurent suivre des études universitaires au U.S.A. et tous deux y restèrent après leur diplôme, mon fils en ingénierie, notre fille en biologie. Ce fut difficile pour mon épouse devenue française d’accepter de les voir vivre si loin de nous, mais c’était leur choix, et nous devions le respecter !
Après une période de discernement d’abord pour un an chez les protestants, puis une autre chez les catholiques, notre fils a décidé de continuer à suivre les rites catholiques et recevoir les sacrements catholiques, tout en joignant une communauté « mixte » en temps que frère. Il a éventuellement fait des voeux d’engagement à vie (simplicité, chasteté, obéissance) chez les Serviteurs de la Parole (Servants of the Word). Cette communauté originaire du Michigan est oecuménique, du style Chemin Neuf, acceptant des frères aussi bien de tradition catholique que réformés ou évangéliques. Leur mission essentielle est d’apporter aide et soutien de tradition chrétienne aux étudiants sur les campus universitaires, et aux familles qui veulent éduquer leurs enfants dans la foi chrétienne sans contrainte confessionnelle.
Notre fille, finissant ses études elle aussi au Michigan, rencontra l’homme de sa vie. Il était luthérien, mais ils se marièrent dans la paroisse catholique où elle avait été active pendant ses études. Plus tard, changeant de lieu de vie pour des questions de travail, ils se sentirent plus adoptés par une paroisse locale luthérienne, et c’est là qu’ils sont maintenant actifs tous les deux.
La foi de mes enfants est robuste, et comme c’était le cas entre mon épouse et moi, ils ont toujours trouvé de l’enrichissement dans les questions que soulèvent les différences d’approches de vie chrétienne telles qu’on les voient chez les catholiques et autres confessions. Comme nous, ils estiment que leur parcours sur les pas de Jésus-Christ impose un regard toujours neuf sur la manière de regarder les autres et leurs traditions. Et en matière de vie chrétienne, l’action doit primer sur la tradition !

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