Revue Sources

Sorj Chalandon: «Le Jour d’avant», Grasset 2017, 327 p.

Une intrigue policière qui fait référence aux conditions de vie et de travail des mineurs des houillères du Pas de Calais des années cinquante. Par-delà la fiction, la vérité crue du décor fait de ce roman un nouveau «Germinal».

L’écrivain-journaliste révèle un talent peu commun quand il observe et décrit la condition pénitentiaire, la procédure judiciaire ou le monde hospitalier. Un exemple suffira. Chalandon décrit ainsi l’atmosphère d’un hôpital parisien où végète Cécile, proche de sa fin: «A l’heure du crépuscule, Cécile n’espérait plus. Elle voulait oublier les odeurs d’éther, de Javel. Oublier les échos de couloirs, les toux lointaines, les râles de l’aube, les claquements de mules, les coups frappés par une femme de ménage contre une porte qu’elle ouvrait sans attendre. Elle voulait s’éloigner des murs sans images, des fenêtres sans voisins, des draps qui n’étaient pas les siens. Elle voulait déserter le jardin des mourants où nous marchions à petits pas. Elle réclamait son intimité, ses repères, ses rituels, nos traces. Elle voulait fermer les yeux en murmurant son identité.» (p.35-36)

Tout malade hospitalisé pourrait en dire autant. Sans parler de ceux et celles que l’âge, l’handicap, la solitude ou la famille poussent leur fauteuil roulant vers un EMS ou un hospice de banlieue. Chez Chalandon, le réel prend le relais de la fiction.

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