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[print-me]«Démocratie» vient du grec et veut dire «pouvoir du peuple». Dans les mots «démocratie» et «populisme», nous entendons le terme «peuple» décliné à partir du grec et du latin. Le populisme, lui aussi, revendique le «pouvoir du peuple». La démocratie et le populisme devraient donc être synonymes, du moins si l’on en croit l’étymologie. Or tel n’est pas vraiment le cas, le populisme étant plutôt une caricature, voire une perversion, de la démocratie, comme l’écrit Marcel Gauchet: «Le populisme est une forme de démocratie corrompue, qui tente de faire croire, de façon illusoire, à l’unité du bon peuple débarrassé de ses parasites et défendu par un bon pouvoir.» [1]

Le populisme fleurit sur les terres en jachère d’une démocratie à bout de souffle. Le besoin de sécurité et le désir d’un pouvoir protecteur semblent aujourd’hui primer sur l’aspiration à la liberté face aux menaces du terrorisme et aux craintes souvent fantasmatiques d’une immigration massive qui supplanterait notre culture. En France, pays des libertés, une enquête Ipsos pour Le Monde publiée le 7 novembre 2016 montre qu’un Français sur cinq serait prêt à choisir un régime autoritaire plutôt que le modèle démocratique actuel. Et lors des dernières élections législatives, l’abstention est devenue majoritaire.

Qui est encore prêt dans notre vieil Occident à mourir pour la liberté? Beaucoup préfèrent se replier en toute sécurité dans une bulle en se réfugiant derrière un écran où ils deviennent les proies de cupides marchands qui les manipulent. Ils ressemblent aux prisonniers enchaînés au fond de la caverne de Platon en train de contempler un jeu d’ombres programmé par d’habiles marionnettistes.[2] La question de l’achat de telle ou telle marque ou du dernier produit technologique obnubile les esprits au point de leur faire oublier l’enjeu de la liberté qui brille dans l’air pur, hors de la grotte. Bref, on peut parler de «dépérissement démocratique» (Dominique Reynier) ou de «démocratie à l’état gazeux» (Gilles Finchelstein), fruit amer d’un profond désenchantement.

Avant d’être Pierre, Jacques ou Jean, une personne unique et libre, je suis allemand, français ou polonais

Nos démocraties libérales se sont de plus en plus livrées aux loups néolibéraux, adorateurs du Veau d’or. Qui commande? L’Etat ou la finance internationale et les multinationales? Le populisme prospère sur un sentiment de dépossession et d’impuissance. Il ne pourra être combattu efficacement que si l’on redonne un sens concret à l’idée de «démocratie libérale et représentative». Nous analyserons ici les quatre piliers du populisme: l’absolutisation du peuple, une identité d’exclusion, la disparition des contre-pouvoirs et la dérive émotionnelle.

Le génie des peuples?

Pour les populistes, le peuple forme une seule entité. Ils exaltent «l’esprit de la nation» ou le «génie du peuple», le célèbre Volksgeist des Allemands. Ce texte de Fichte datant du début du 19e siècle montre bien cette conception: «Pour les ancêtres germains, la liberté consistait à rester Allemands. (…) C’est à eux, à leur langue et à leur manière de penser que nous sommes redevables de tout notre passé national et tant qu’il restera dans nos veines une dernière goutte de leur sang, c’est à eux que nous devrons tout ce que nous serons à l’avenir.»[3] On connaît l’exploitation funeste d’une telle vision par les nazis. Il ne faut cependant pas confondre le populisme avec le nazisme qui en est une dérive extrême et criminelle.

Les peuples ont-ils une âme? Peut-être, mais elle n’est pas monolithique et, surtout, elle n’annule pas l’âme d’une personne. Or dans les doctrines populistes, l’individu tend à se définir par rapport au «tout national» dont il fait partie. Avant d’être Pierre, Jacques ou Jean, une personne unique et libre, je suis allemand, français ou polonais. L’autre est aussi décrit à partir d’un tout ethnique ou religieux, souvent pour mieux le stigmatiser comme arabe, juif ou musulman. Cette subordination de la personne à un tout dans lequel sa spécificité s’efface est dénoncée avec virulence par le philosophe Emmanuel Levinas dans son essai magistral Totalité et Infini où il cherche à comprendre les racines de «l’horreur nazie».

Dans un univers où domine la Totalité, comme c’est le cas chez les populistes, la personne n’existe que par rapport à un ensemble: x’ (l’individu) ne prend sa signification qu’à partir de X (le tout) de telle sorte qu’il existe d’autres entités singulières (x’’, x’’’…) qui se définissent aussi par rapport à X. Exemple : Pierre est français mais Marie, René et Marc sont aussi français. Comme si l’unicité (le caractère unique) de mon moi n’était que le “prime” du x. Comme si ma spécificité de personne – par quoi je diffère de toutes les autres – ne m’était donnée qu’en prime sur un fond commun préétabli. L’individu n’a aucun sens par lui-même Il n’a une signification que par rapport à un tout qui le précède et l’englobe (X): le particulier (la personne) n’existe donc pas en tant que tel. Il s’ensuit que les visages disparaissent: «L’être qui pense semble d’abord s’offrir à un regard qui le conçoit comme intégré dans un tout, écrit Levinas. En réalité il ne s’y intègre qu’une fois mort. La vie lui laisse un quant à soi, un congé, un ajournement qui est précisément l’intériorité.»[4] On comprend donc que « le monde de la Totalité» fasse le lit du totalitarisme, de gauche comme de droite.

Une culture fermée sur elle-même est une contradiction dans les termes.

Cette approche totalitaire dénoncée par Levinas se situe aux antipodes de la vision juive et chrétienne de la personne qui est aussi le fondement de celle des Lumières (Rousseau, Voltaire, Kant…) d’où provient notre démocratie. Avant d’être membre d’une nation ou d’un peuple, l’être humain est une personne unique créée «à l’image et à la ressemblance de Dieu» (Gn. 1, 26). Le génie propre de la personne, issu en droite ligne du Très-Haut, prime sur le génie d’un peuple qui n’existerait d’ailleurs pas sans celui des individus qui le composent et s’associent pour bâtir une civilisation. L’Eglise a toujours souligné cette prééminence de la personne qui a une valeur en elle-même, comme le redit le pape François: «Le bien commun présuppose le respect de la personne humaine, comme telle, avec des droits fondamentaux et inaliénables ordonnés à son développement intégral.» [5] Pour Emmanuel Kant, la personne humaine doit «toujours être considérée comme une fin en soi et jamais simplement comme un moyen». [6] Quant à Emmanuel Mounier, il résume sa philosophie personnaliste par cette belle formule: «La personne est un absolu à l’égard de toute réalité matérielle.»[7]

La démocratie est basée sur cet absolu de la personne et sur le respect de sa liberté. Nous avons donc face à face deux conceptions politiques antagonistes: le populisme et la démocratie libérale. Le premier défend une approche organiciste de la société comparée à un grand corps dont nous serions les cellules, soumises à l’influx du pouvoir central. Comme le dit le politologue Jean-Yves Camus, «la Nation n’est plus basée sur un contrat mais sur un ordre naturel, une communauté d’héritage et de destin à laquelle on ne peut échapper».[8] Les démocraties libérales se fondent au contraire sur la notion de contrat entre des personnes autonomes, comme on le voit chez Rousseau ou chez Kant. Elles sont des associations d’êtres indépendants.

En quoi consiste ce contrat social? Il s’agit d’abandonner ma «liberté folle» qui a tendance à piétiner celle de l’autre mais aussi à être menacée par plus fort que moi pour la retrouver dans les limites d’une «coexistence des libertés» sauvegardée par l’Etat. Le rôle de ce dernier est donc de garantir un maximum de liberté pour tous, ma liberté s’arrêtant là où commence celle d’autrui. Nous voici donc à l’opposé du néolibéralisme où le puissant écrase le faible et où l’Etat est sommé d’en faire le moins possible. À l’opposé aussi du populisme où un homme fort, petit père du peuple, veut imposer à tous telle ou telle idéologie du bonheur au nom d’une volonté populaire gravée dans le marbre de la tradition qu’il prétend incarner.

L’idéal et le modèle d’une démocratie authentique se trouve très bien décrit dans la splendide vision du Règne des fins chez Kant. C’est une communauté de personnes qui, en tant que «fins en soi», s’associent librement sous un régime de lois nées de la pure raison basée sur l’autonomie de leur volonté délivrée de la servitude des pulsions. Un idéal loin d’être réalisé mais qui n’en demeure pas moins le paradigme de toute démocratie comme le précise Jean-Luc Nancy: «La démocratie, c’est l’Idée de l’homme se considérant comme intégralement autonome.» [9]

Une identité d’exclusion

Le populisme joue à la tortue et se replie sous sa carapace mais aussi au hérisson qui se met en boule en hérissant ses piquants contre les dangers externes. Ces menaces sont clairement pointées du doigt: la globalisation et l’immigration qui en découle. Elles mettent en péril à la fois notre niveau de confort (risque de dumping salarial) et notre façon de vivre en affaiblissant nos traditions. La question identitaire tend d’ailleurs aujourd’hui à tout dominer, y compris l’aspect économique, suite notamment aux attentats terroristes.

Face à cela, les populistes veulent réaffirmer l’identité nationale ou religieuse pour défendre nos valeurs contre ce qu’ils perçoivent comme une invasion mortifère menant à une perte totale de nos repères et même à «un grand remplacement» de notre culture par l’islam, grâce à la démographie galopante des populations immigrées. D’où l’appel à un retour à nos racines, à une «vraie Suisse» ou «vraie France» qui serait de race blanche et chrétienne. On met alors en avant la supériorité de la civilisation européenne venue de Jérusalem et d’Athènes, berceau de la démocratie.

Pour asseoir leur pouvoir, les populistes cherchent donc à discréditer les contre-pouvoirs, notamment la justice et les médias

Le problème ici n’est évidemment pas l’enracinement dans des valeurs chrétiennes ou humanistes qu’il convient en effet de redécouvrir. Le danger, c’est de réaffirmer ces valeurs contre d’autres, en préconisant un choc des cultures et des identités, voire une guerre des civilisations pour promouvoir une tradition qui serait seule valable et aurait seule droit de cité. Cette attitude du hérisson n’est-elle pas une perversion du christianisme et de l’humanisme des Lumières? Il faut l’affirmer avec force: une culture fermée sur elle-même est une contradiction dans les termes. La culture ne se réduit pas à une monoculture et l’enracinement n’exclut en aucun cas l’ouverture comme nous le montre l’image de l’arbre: plus ses racines sont profondes, plus il s’ouvre largement vers les quatre horizons et vers le ciel. L’ouverture est donc proportionnelle à l’enracinement. Une culture qui se replie sur elle-même est condamnée à dépérir, comme un arbre qui se rabougrit.

Plus grave: une identité qui se ferme et se pose contre les autres peut devenir meurtrière, pour reprendre le titre d’un célèbre livre d’Amin Maalouf, mon condisciple du Collège de Jamhour au Liban: «Il suffirait à chaque personne de se poser quelques questions pour se découvrir complexe, unique, irremplaçable. Si j’insiste à ce point, c’est à cause de cette habitude tellement répandue et fort pernicieuse d’après laquelle, pour affirmer son identité, on devrait simplement dire «je suis arabe», «je suis français», «je suis noir», «je suis musulman» ou «je suis juif.» [10] J’ai moi-même assisté à la montée des «identités meurtrières» au Liban qui a débouché sur une guerre terrible. S’enfermer dans une appartenance devient une source de violence. On le voit même dans les rixes entre supporters de clubs sportifs. Bref, avant d’être suisse, français ou fan de telle équipe, je suis une personne unique, un composé unique de nombreuses identités mais aussi un être humain doué de raison, citoyen du monde relié à tous mes frères et sœurs en humanité.

Le populisme cherche à nous ligoter dans une seule appartenance. En ce sens aussi, il se situe à l’opposé du christianisme qui rejette toute identité fermée et tout nationalisme exacerbé, comme l’écrit magnifiquement saint Paul: «Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre car vous êtes tous un en Jésus-Christ.» (Gal. 3, 28).

Un homme, un peuple: la disparition des contre-pouvoirs

Toute démocratie digne de ce nom implique des contre-pouvoirs. Au 19e siècle déjà, Tocqueville mettait en garde contre ce qu’il appelait une «tyrannie de la majorité» dérivant directement d’une opinion publique manipulée. Sous un régime vraiment démocratique, le pouvoir ne doit pas être concentré dans les mains d’un seul homme ou d’une seule instance, même s’ils prétendent être l’émanation du «peuple authentique». D’où l’idée élaborée par Locke (1632-1704) puis par Montesquieu (1689-1755) de la séparation des pouvoirs pour lutter contre les abus. On distingue ainsi le pouvoir législatif qui fait les lois, le pouvoir exécutif qui gouverne et le pouvoir judiciaire exercé par les juges. On y ajoutera aujourd’hui le pouvoir médiatique basé sur la liberté de la presse et qui est censé apporter un regard critique sur le fonctionnement de l’Etat.

Or le populisme entend restaurer l’unité du «vrai» peuple autour d’un «vrai» chef qui l’incarne et qui se présente comme le protecteur de la nation. «Privilégier le lien direct entre le peuple et le dirigeant est la définition même du populisme» écrit Jean-Yves Camus.[11] Plutôt que de faire appel à des assemblées législatives et à des juges, on préférera le recours aux référendums dans le but de plébisciter le pouvoir en marginalisant tous les corps intermédiaires. Le leader charismatique veut le monopole de la représentation populaire. Louis Napoléon Bonaparte, en 1844, résume très bien ce projet: «On ne peut gouverner qu’avec les masses; il faut donc les organiser pour qu’elles puissent formuler leurs volontés et les discipliner pour qu’elles puissent être dirigées et éclairées sur leurs propres intérêts.»[12] Des intérêts que seul le grand chef comprend réellement, contrairement à tous les parasites qui hantent les parlements! Ne sommes-nous pas ici en train de nous éloigner de l’Etat de droit?

Pour asseoir leur pouvoir, les populistes cherchent donc à discréditer les contre-pouvoirs, notamment la justice et les médias, dans le dessein de les affaiblir. Le principe de la séparation des pouvoirs est menacé. Le cas de Donald Trump est exemplaire: tout au long de sa campagne et encore maintenant comme Président, il ne cesse de stigmatiser les médias, les juges et même les législateurs. Tous plus ou moins pourris! Mais heureusement qu’aux USA les contre-pouvoirs existent et résistent. Par exemple, de simples juges ont réussi à mettre en échec les premiers décrets sur l’immigration de Monsieur Trump.

Notons que ces dérives populistes contaminent actuellement la plupart des partis. Ainsi, en France, les affaires Fillon et Ferrand, tous deux accusés d’avoir abusé de leur position politique pour s’enrichir, dévoilent au grand jour une tentative de court-circuiter le système judiciaire pour s’en remettre au suffrage du brave peuple. «Les médias et les juges veulent notre perte, entend-on. Ce sont les électeurs qui trancheront.» Mais le peuple a-t-il toujours raison et surtout est-il compétent en ces matières judiciaires? À ce petit jeu populiste, Fillon a perdu puisqu’il ne fut pas élu tandis que Ferrand, réélu dans sa circonscription en surfant sur la vague du nouvel Emmanuel, a lui remporté la mise. N’est-ce pas une forme d’injustice?

Nous sommes à nouveau ici face à deux conceptions démocratiques, dont la deuxième n’est qu’une caricaturede la première: la démocratie libérale ou parlementaire et le populisme qui revendique une démocratie directe comme dans l’Antiquité mais qui devient une démagogie autoritaire. Autrefois en effet, par exemple à Athènes, un peuple peu nombreux et qui n’était pas plongé dans les tâches multiples de notre époque, avait le temps de se réunir sur la place publique pour choisir ses lois puis élire directement son gouvernement. C’est sur cette image mythique et idyllique que s’appuient certains populistes. Mais aujourd’hui, des millions de citoyens sur-occupés n’ont plus le loisir de prendre soin directement des affaires publiques.

D’où la nécessité d’une délégation du pouvoir populaire à des instances représentatives tels les parlements. Les théoriciens du libéralisme l’avaient bien compris dès le 19e siècle, comme le précise le philosophe Florent Guénard: «Les penseurs libéraux substituent au modèle antique de la démocratie directe celui du gouvernement représentatif: les citoyens, concentrés sur leurs activités propres, consentent à déléguer leur pouvoir à des représentants élus.»[13] En l’absence de ce principe de délégation, on aura tendance à considérer le peuple comme une seule masse à «éclairer» puis à plébisciter, souvent à coups de slogans simplistes.

La dérive émotionnelle: bouc émissaire et théories du complot

Le populisme fait davantage appel aux émotions qu’à la raison et à ses concepts universels. Pour les populistes, l’être humain se définit avant tout comme une somme de pulsions qu’il s’agit d’exploiter au mieux en vue du pouvoir. Les citoyens sont appelés à voter avec leurs tripes. Comme un seul homme. Cette dernière expression est significative car l’individu se fond dans une même masse en fusion sous la domination d’une émotion comme la colère contre l’étranger ou l’enthousiasme pour le chef. Il se dépersonnalise en cessant de réfléchir pour adhérer sans réserve à des mots d’ordre.

Comment les populistes s’y prennent-ils pour souder leurs troupes? Ils désignent un bouc émissaire à la vindicte populaire et sollicitent nos plus bas instincts comme la jalousie, l’égoïsme ou la haine pour les tourner contre lui. Ce bouc émissaire a le visage de l’immigré, du musulman assimilé à l’islamiste ou alors il est le financier international sans visage qui saigne le peuple. La personne humaine, nous l’avons vu, se réduit au rôle d’un mouton au sein d’un troupeau dans lequel il y a aussi quelques moutons noirs dénoncés par le berger attisant le ressentiment des autres brebis contre eux. Caricatural? Certes mais il n’en demeure pas moins que cette image du mouton noir à expulser figurait sur une célèbre affiche de l’UDC (Union démocratique du centre), principal parti de Suisse.

D’autres parlent de complot fomenté par les médias, les «gens de Bruxelles», les musulmans ou les juifs. Même François Fillon a parlé d’un «cabinet noir» en train de s’acharner contre lui et ses fidèles. Le populiste fait de lui et de ses ouailles des victimes pour mieux les rassembler autour de lui en suscitant un sentiment de révolte. Ajoutons que ce complot se trame toujours contre le «pays réel», par exemple la France profonde ancrée dans une tradition séculaire.

Pour conclure, le populisme est le nom latin de la démagogie plutôt que de la démocratie. L’appel à un peuple idéalisé, la culture du chef et surtout la sollicitation des émotions les plus basses nous éloignent à grands pas de la démocratie. Le populisme? Une perversion de la démocratie et de la notion de personne humaine.[print-me]


Jacques de Coulon a étudié la philosophie et les sciences des religions à l’Université de Fribourg, notamment auprès d’Emmanuel Levinas. Ancien recteur du Collège Saint-Michel à Fribourg , professeur de philosophie et de sciences religieuses, il a écrit une quinzaine d’ouvrages traduits dans plusieurs langues sur la spiritualité, la philosophie, l’éducation ou la poésie, dont La philosophie pour vivre heureux (Jouvence), Les méditations du bonheur, Soyez poète de votre vie ou Imagine-toi dans la caverne de Platon (Payot & Rivages). Chroniqueur à La Liberté, il donne des conférences et des séminaires, tant en Suisse qu’à l’étranger.


[1] In: L’Obs hors série numéro 95, Démocratie et populisme, printemps 2017, p. 9.
[2] Voir notre ouvrage Imagine-toi dans la caverne de Platon, Paris, Payot, 2015.
[3] Fichte: Discours à la nation allemande, 8ediscours, 1807-1808.
[4] Emmanuel Levinas, Totalité et Infini, Martinus Nijhoff, La Haye, 1972, p. 26.
[5] Pape François, Laudato Si, 156
[6] Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. V. Delbos, Paris, Delagrave, 1979, p. 150.
[7] Emmanuel Mounier, L’engagement de la foi, Paris, Seuil, Livre de Vie, 1968, p. 34.
[8] In: L’Obs hors série numéro 95, Démocratie et populisme, printemps 2017, p.19.
[9] Ibidem, p. 55.
[10] Amin Maalouf, Les identités meurtrières, Paris, le Livre de Poche, 2001, p. 28.
[11] In: L’Obs hors série numéro 95, Démocratie et populisme, printemps 2017, p.19.
[12] Ibidem, p. 54.
[13] Ibidem, p. 46.

Bravo pour cet exposé très clair et éclairant du phénomène du populisme. Exactement ce que je cherche pour mes leçons d’histoire sur la naissance de la démocratie et pour faire comprendre cette dialectique essentielle à une vie en société harmonieuse : notre responsabilité d’individus et de membres de la collectivité.


  • Normand Ouellet

    Une définition du politique qui dérive de la notion de pouvoir est de: « faire passer les intérêts particuliers d’un clan pour les intérêts de la collectivité ». À l’instar de la vision d’Aristote, nos élites constituées en clan (partis politiques) perpétuent par toutes sortes de rhétoriques, la vision que les vrais citoyens représentent une minorité puisque les salariés fort nombreux sous le joug du pouvoir économique ne sont pas en substance de vrais « citoyens ». La plèbe du temps d’Aristote est par extension le peuple d’aujourd’hui. Ce peuple n’a pas de réelle voix politique. On peut comprendre le « populisme » comme un concept de mépris pour le peuple forcément manipulé! L’approche marchande de l’immigration pour combler les besoins de main-d’oeuvre pour des emplois au salaire minimum est un exemple du mépris de la plèbe!

    La beauté des mandats de 4 ou 5 ans de notre belle démocratie représentative est justement de charmer les citoyens ordinaires pour obtenir leur vote sans pour autant s’identifier à ces citoyens. Cela permet de leur mentir et des les mépriser en silence! La sémantique s’adapte aux époques mais nos régimes politiques n’évoluent guère …


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