Revue Sources

Guillaume Ancel: «Rwanda. La fin du silence. Témoignage d’un officier français» Les Belles Lettres, Paris 2018.

Journal de bord d’un officier français qui prit part à l’opération militaire Turquoise au Rwanda en juillet 1994. Selon l’auteur, le premier objectif de cette intervention était de «sauver» ce qui restait de l’armée et du gouvernement rwandais mis à mal par l’offensive du FPR. Elle se transforma par la suite en «opération humanitaire», désarmant les milices extrémistes, ainsi que les militaires infiltrés parmi les réfugiés en fuite vers le Zaïre.

L’auteur ne relate que des faits, rappelle des lieux, des circonstances où il fut impliqué. Ce qui donne à son récit couleur de vérité. J’admirer le courage et l’abnégation de cet homme marié et père de trois enfants, qui expose sa vie pour sauver une galère en perdition. Rien ne l’attachait au Rwanda, si ce n’est l’obéissance aux ordres de sa hiérarchie militaire et une dose d’humanité héritée peut-être de son grand oncle, Alfred Ancel, fondateur du Prado lyonnais.

L’opération qui aurait dû rendre la capitale du Rwanda à ses anciens maîtres devint une opération «humanitaire» dont l’objectif n’était pas clair. En fait, selon le capitaine Ancel, elle se limita à sauver du génocide une poignée de tutsis, tout en facilitant le refuge au Zaïre de militaires gouvernementaux. L’ordre avait été donné de les désarmer au passage, quitte à leur restituer leurs armes dès qu’ils auraient passé la frontière.

Donc grande confusion, aussi bien au sein de la population rwandaise qui ne savait plus qui état ami ou ennemi que dans les rangs militaires français surpris par des ordres contradictoires. Selon Ancel, ce fut le Président Mitterand qui intervint personnellement pour arrêter en plein vol le raid de ses avions contre les positions du FPR.

Ce renversement d’alliances fut trop tardif pour sauver la francophonie et la francophilie du Rwanda qui tomba dès lors dans l’escarcelle anglo-américaine. Lamentable!

Guy Musy

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