Foi – Revue Sources https://www.revue-sources.org Wed, 29 Aug 2018 12:07:59 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 Dubia pour la Loi-une-seconde-fois https://www.revue-sources.org/dubia-pour-la-loi-une-seconde-fois/ https://www.revue-sources.org/dubia-pour-la-loi-une-seconde-fois/#respond Wed, 29 Aug 2018 12:07:59 +0000 https://revue-sources.cath.ch/?p=2711 La Bible est traversée par le doute. Même de très grandes figures y sont confrontées. En poète, à travers un parcours libre dans le texte biblique, le frère Grégoire Laurent-Huyghues-Beaufond, dominicain au couvent de Lyon, met des mots sur la foi – et les doutes – de Moïse.

La mort ou le silence
Ex 2, 11-15

J’ai tué l’Égyptien et j’ai fui au désert. Meurtre ou bien suicide, tout ce sang sur les mains. J’ai vu la violence des Hébreux – mes frères – , j’ai redouté la justice égyptienne – mon père. Je ne me doutais pas que chacun est un homme de violence et de sang, tomber dans l’effroi et douter des humains. Je me tais, puisque je ne vaux pas mieux que mes pairs, puisque je ne peux soutenir la lumière.

et parler m’est pénible
Ex 3-4

D’ailleurs, je parle mal et ma langue est pesante. On dira qu’un ange a dévié la main de l’enfant que j’étais pour saisir non pas l’or mais la braise, la porter à sa bouche, quand Pharaon voulait voir si j’étais pour son trône un danger. De là, la vie sauve et ma langue bégaie. Pourquoi pas? On aimerait y croire. Comme pour Isaïe, mes lèvres seraient pures et ma bouche scellée.

Mais c’est plutôt que j’ai sous la langue une langue étrangère, ma bouche s’ensable des regrets de l’Égypte. Si je parle hébreu, j’ai l’accent égyptien. De là cette parole heurtée et ma langue boiteuse, achoppant sur les glyphes du Nil, la grammaire judéenne – de là cette vie d’orthographe fautive, son impropre syntaxe.

Une main ensanglantée – à l’occasion lépreuse–, et la bouche pénible, mon verbe incirconcis. Pour libérer un peuple, en frapper un autre: un bâton et un frère porte-voix pourraient-il y suffire? Je suis dubitatif et d’avance lassé. Je suis dubitatif et je suis révolté: ce que tu demandes, ma parole, c’est de parfaire le meurtre, d’emporter le butin; c’est devenir hébreu en tuant l’Égyptien, puisque tu es Celui d’Abraham, Isaac et Jacob, mes vrais pères?

(Je ne te comprends pas quand bien même j’obéis; et je comprends encore moins cet autre mot ni d’hébreu ni d’Égypte, un pidgin qui buissonne et serait ton vrai nom, non je ne Te comprends pas; que Tu es Qui fus et seras, Celui de mes pères, Pharaon et Jacob, Verbe à mes deux langues).

Rumeurs égyptiennes
Ex 17

C’est à Rephidim la première fois: tout un peuple querelleur, les rumeurs de la foule – la colère dans les yeux et la pierre dans le poing. C’est là sans doute que ça recommence, je veux dire pour moi: si je ne réfléchis pas et cette fois obéis – frapper du bois contre la pierre, tout un peuple qui boit –, je suis désemparé – la main reste tremblante, ma bouche malhabile – et bientôt atterré –éloigne-toi de moi, pour qu’enfin je respire, éloignez-vous de moi, que je cesse de trembler.

Je ne veux qu’une chose, parfois, n’y être pour personne; là sans doute que ça recommence, pour moi je veux dire, les regrets de l’Égypte – si ton peuple querelle, silencieux je murmure, quand mon peuple trébuche, je ne peux que tomber. Je ne veux qu’une chose, souvent, n’être plus personne.

Une Loi par deux fois
Ex 31, 18 – 34, 35

Ce n’est plus un buisson, c’est toute la montagne –on a raison de trembler, a raison d’avoir peur (mais, enfin! je suis seul). Et Tu écris pour moi ce que Tu veux que je fasse – voilà ce que j’aime – Parole après Parole, enfin Tu parlais clair.

J’aurais dû m’en douter, même si Tu ne m’avais averti: l’Égypte n’est jamais loin, du peuple et de ma main. Je baisserai les bras: ce que Pharaon, Amaleq ont tenté, c’est moi qui le ferai: je me fais querelleur, le camp et ma main de nouveau s’ensanglantent.

(Mais si le peuple est coupable, je suis seul responsable. Non, pas mieux que mes pairs. Si ta colère a raison, nous avons toujours tort. Ne suis qu’un bégaiement, ne peux soutenir ta lumière: efface-moi de ton livre et cesse, ma parole, de prononcer mon nom, qu’enfin je ne sois plus personne).

Je n’ose pas y croire, ta Loi une seconde fois. Je descends vers ce qui reste d’hébreu tout abreuvé d’Égypte. Saint Jérôme traduira que j’ai des cornes au front – comme une mise en garde: la Loi, même hébraïque, pourrait être veau d’Égypte.

Une chose que tu dis
Nb 20, 1-13

C’est à Cadès, bien après Rephidim: toujours le peuple à sa querelle, quoique je dise ou bien mon frère – ventre assoiffé n’a pas d’oreilles. (On parle de doublet, d’ajout rédactionnel, plût à Toi que c’ait été le cas). Ventre assoiffé n’a pas d’oreilles et ma langue se dessèche. Je doute de Te comprendre – se raccrocher aux souvenirs, se croire mage d’Égypte et puis un peu s’y croire. Une chose que tu dis, une autre que j’imagine: je frappe deux fois la roche.
Et si le peuple boit, déjà on se doute qu’on a eu tort – et quand Tu parles et me condamnes, comme au sortir d’un songe on a enfin trop tard les idées claires.

Liste de dix paroles pour ne pas oublier
Ex 33, 18-34

J’ai rarement douté de: (1) ta colère contre l’Égypte, (2) ta colère contre mes pairs, (3) la cruauté de ta lumière. J’ai souvent redouté: (4) ma misère, (5) les cruautés de ma main, (6) les murmures de mes frères. Trop longtemps j’y ai cru: (7) qu’il fallait tuer l’Égyptien, (8) les hiéroglyphes en soi, on doit les effacer (9) et ces langues étrangères, il faut les oublier (9).

Mais si je ne comprends pas et si caché comme colombe dans le creux du rocher, je ne peux encore Te voir, c’est Toi, ma parole, Toi et ta main sur ma face – si peu levé, mon profil égyptien, et tant voilée ma face sémitique.

(10) Toi Qui me donnes de voir: que dans ton sanctuaire le bois est hébreu, et l’or, le bronze sont d’Égypte; Qui me donnes d’entendre: que Tu sais l’égyptien; Qui me donnes d’y croire: ta colère est bien lente, ton amour est fidèle à mes pères, Abraham et Pharaon, ton alliance pour la fille de Sion, aussi pour mes fils de Samarie, pour des enfants d’Alexandrie.

Du Nébo à ta bouche
Dt 34

Continue d’écouter … je T’écoute et T’entends, ma Parole, dans mon verbe barbare, que Tu m’as circoncis et je T’inventerai, ma Parole, une arche en ma langue hébraïque, en mes mots égyptiens.

Ami, retourne-toi enfin, ne cesse pas d’écouter … Je me tourne et Te vois, face de messie, la lumière nous est douce sur une autre montagne, Tu parles de partir. Je Te crois puisque Tu le veux, me voici suspendu à tes lèvres.
Monte un peu plus haut … que je meure sur ta bouche.

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La foi qui reste https://www.revue-sources.org/la-foi-qui-reste/ https://www.revue-sources.org/la-foi-qui-reste/#respond Wed, 29 Aug 2018 10:13:21 +0000 https://revue-sources.cath.ch/?p=2691 Jean-Claude Guillebaud: «La foi qui reste», L’Iconoclaste, Paris 2017, 242 p.  

Heureux de me retrouver quasiment à chaque page de cet essai. Mon réseau social n’a pas l’envergure de celui de Guillebaud, mais plusieurs auteurs cités dans son livre sont pour moi des références de premier plan. D’accord aussi avec ses remises en questions, ses doutes, sa détestation du cléricalisme, mais aussi avec son amour des recommencements, de «l’aurore aux doigts de rose», quand au matin l’espoir reprend des couleurs.

Journaliste et éditeur, voyageur sans être gyrovague, Guillebaud effleure les sujets plus qu’il ne les analyse, se mettant ainsi à la portée des chrétiens de mon espèce et de ma génération, en connivence avec leurs doutes comme avec leurs convictions, ne craignant pas au passage de se dédire et de se contredire, rejetant aujourd’hui des opinions autrefois joyeusement proclamées ou simplement partagées.

Il y a quelque chose des «Retractationes» d’Augustin dans ce livre. La foi, comme la vie, n’a rien de figé. Elle est toujours en quête de découvertes joyeuses ou déconcertantes, en route vers «la vérité toute entière», sans retour, ni régression.

Dans la galerie des portraits admirés par l’auteur, on ne s’étonnera pas d’y rencontrer Péguy et Bernanos, Zundel et le pape François, mais alors Maurice Bellet, son ami et confident, et même les frères dominicains du couvent St.-Albert de Montréal. En particulier, Benoît Lacroix que Guillebaud eut encore la chance de croiser de son vivant. Autres indices du bienfait de cette lecture qui m’a ramené chez moi.

Guy Musy

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Bonne année… de la foi! – Edito https://www.revue-sources.org/bonne-annee-de-foi/ https://www.revue-sources.org/bonne-annee-de-foi/#respond Tue, 01 Jan 2013 00:32:52 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=1097 [print-me]

Propos de table au soir de la clôture du synode des évêques qui s’est tenu à Rome au mois d’octobre dernier: « Alors? un scoop? Quelle est la proposition phare qui ressort de ce synode?« , interroge l’ami d’un participant. La réponse ne tarde pas: « Le Christ!« . Voilà donc notre programme d’année, programme pastoral de haute teneur, nécessitant une connexion à haut débit!

Rien de nouveau à l’ouest!, direz-vous… C’est vrai. « Le Christ est le même hier et aujourd’hui et pour l’éternité » nous rappelle l’auteur de la lettre aux Hébreux (13,8). Et pourtant, c’est bien le même Christ qui par son Esprit fait toutes choses nouvelles. C’est le même Christ qui depuis deux mille ans met ses disciples en mouvement pour annoncer à temps et à contretemps la Bonne Nouvelle d’une vie plus forte que la mort. Alors, pourquoi une telle année de la foi? Certainement pour nous permettre de redécouvrir cette nouveauté du Christ, à l’œuvre dans nos vies. Pour recevoir à nouveaux frais ce don de Dieu qu’est la foi. Pour enraciner plus fortement notre agir dans ce dialogue intime avec Dieu. Pour recontacter avec la joie de témoigner des merveilles de cet amour gratuit… Bref, pour retrouver le goût du Christ et le goût d’être chrétien, ensemble.

Aujourd’hui, plus encore qu’hier, le Christ n’est pas seulement à annoncer, il se donne d’abord à rencontrer dans les autres, les plus pauvres, les prisonniers, les pèlerins, dans sa parole, partagée.

Qui dit Christ, dit rencontre. Il a balisé le chemin. Jésus n’a été que rencontre. Il est allé à la rencontre de ses contemporains, mais il s’est aussi laissé rejoindre sur le chemin, interpeller. La vie de l’Eglise ressemble à celle de Jésus. Elle continue d’aller à la rencontre de tous, d’inventer de nouveaux chemins, de dresser la table de la rencontre et de créer des espaces de dialogue et de partage.

Aujourd’hui, plus encore qu’hier, le Christ n’est pas seulement à annoncer, il se donne d’abord à rencontrer dans les autres, les plus pauvres, les prisonniers, les pèlerins, dans sa parole, partagée. Encore faut-il le reconnaître! Pour cela, il faut un cœur et des yeux. Notre cœur n’était-il pas tout brûlant? Combien de fois avons-nous connu cette ivresse sereine, cette joie profonde, cette trace indélébile d’une présence cachée au creux de l’instant qui suit une rencontre. Quelques mots partagés, un sourire, un repas entre amis, un service rendu? Un excès d’amour et de communion qui porte la marque de cette promesse d’évangile: « Moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20)?

La proposition de la foi, la nouvelle évangélisation ne sont rien d’autre que l’exhortation à risquer ce partage dans lequel se donne à reconnaître le Christ. Lui qui le premier a donné sa vie pour ses amis. Alors, « n’ayez pas peur!« .

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De l’encadrement à l’engendrement https://www.revue-sources.org/de-lencadrement-a-lengendrement/ https://www.revue-sources.org/de-lencadrement-a-lengendrement/#respond Sun, 01 Apr 2012 11:38:57 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=139 [print-me]

Les parents transmettent à leurs enfants un code génétique, un patrimoine, une entreprise, des biens. Leur grand-mère leur transmet son argenterie, ses bijoux. Ce sont des choses que les enfants vont posséder. Les parents ont-ils la possibilité de transmettre la foi? Pour cela il faudrait que la foi soit quelque chose que l’on puisse posséder. Or la foi ne se possède pas.

La foi est-elle transmissible?

On peut transmettre des valeurs, des notions, des pratiques, on peut apprendre aux jeunes générations le sens de l’accueil, du respect, l’importance des rites, des symboles, on peut enseigner des attitudes, des gestes, des postures, on peut faire mémoriser des prières, des répons, des psaumes. Cela favorisera certainement une sensibilité à la chose religieuse, mais cela transmettra-t-il la foi, une foi vivante dans le Christ Sauveur? La plupart des théologiens actuels réfléchissent à cette question pastorale, car le modèle ancien de transmission ne fonctionne plus. Je laisserai le soin à d’autres de se poser la question de savoir s’il n’a jamais fonctionné…

Qu’est-ce que la foi? Une confiance fondamentale et fondatrice en Dieu? Qu’est-ce qui peut la faire naître? Si quelqu’un a la foi, d’où lui vient-elle? Comment l’a-t-il reçue? Lorsque quelqu’un dit « J’ai perdu la foi », qu’a-t-il perdu? Une confiance fondamentale en la vie? Une certaine représentation de Dieu? Des certitudes? Le Dieu de Jésus-Christ est-il un Dieu que l’on peut posséder? Un Dieu que l’on peut perdre?

Tenter de répondre à ces questions, c’est un peu – si l’on me permet un début d’analogie – comme si on essayait de savoir comment un enfant apprend à lire. Tous les pédagogues vous diront que c’est un mystère. L’enseignant transmet une boîte à outils, pas la lecture! Il montre à ses élèves tous les outils utiles à la lecture, il en décline les fonctionnements, il les aide à expérimenter leur usage. Il met en place des conditions de possibilité de lecture, mais il ne sait jamais ce qui fait que la lecture advient à un élève. L’illettrisme est la difficulté pour l’apprenant d’utiliser les outils proposés. L’analphabétisme est le manque total de transmission de ces outils : les conditions de possibilité de lire n’existent pas.

On ne transmet que la boîte à outils

De cette analogie, je tire l’affirmation que la transmission ne concerne pas la foi, mais ce que j’appelle la « boîte à outils ». Cette transmission d’outils – qui n’est pas à dénigrer – n’a pas forcément plus de chance de trouver du sens si la personne baigne dans un milieu religieux ou non. Dieu surprend même celui à qui nul n’aurait transmis de boîte à outils.

La pastorale actuelle cherche à faire évoluer les pratiques et les représentations vers une catéchèse de cheminement.

Car ce qui n’est pas transmissible, c’est la rencontre personnelle que chaque chrétien fait avec une personne, le Dieu de Jésus-Christ, c’est la révélation qui s’offre à tout être humain, c’est la transformation qui s’opère lorsque quelqu’un touche du doigt le mystère de l’Amour de Dieu, transformation qui peut couver sous la braise très longtemps ou être fulgurante dans le cas d’une conversion brutale.

Il devient donc difficile de parler de « transmission de la foi ». En pastorale on parle maintenant d’engendrement à la foi, de mise en place de conditions de possibilité pour que quelque chose naisse en quelqu’un et/ou pour que quelqu’un naisse à quelque chose. Ce quelque chose étant de prime abord la vie. Puis, parfois, il survient que ce soit la Vie de Dieu, la Vie en Dieu.

Une catéchèse de cheminement

En Eglise et particulièrement en catéchèse, il faut être attentif à la mise en place de ces conditions de possibilité. Plusieurs pistes s’offrent à nous. Tenter d’être un canal pour que l’autre perçoive quelque chose du divin. Entrer en résonance avec l’autre, avec son vécu. Témoigner, dire en mots même maladroits l’indicible de la rencontre, vivre ouvertement du feu intérieur allumé par cette rencontre. Marcher avec les personnes sur leurs chemins de vie, accompagner, guider, précéder par moments, suivre à d’autres. Enseigner lorsque l’on est questionné, se taire souvent. Tout ceci me semble pouvoir permettre que l’autre, rencontré en vérité, découvre sa foi en la vie, l’exprime, laisse entrer la vie de Dieu en lui, choisisse de se plonger dans sa Parole, expérimente la prière… Mais quoi qu’il arrive, le catéchète n’aura rien « transmis ».

Dans la pratique, cela implique de passer d’une pastorale d’encadrement à une pastorale d’engendrement. Encadrer, c’est monter des projets pour des gens qui vont y participer. Tout autre est l’engendrement qui n’a rien d’autre à proposer que de faire route avec des personnes qui ont envie de se mettre en chemin vers la vie et la Vie. La pastorale actuelle cherche donc à faire évoluer les pratiques et les représentations vers une catéchèse de cheminement.

Ce qui peut se passer dans la rencontre et le cheminement est hors de la volonté humaine. C’est quelque chose de l’ordre de l’Esprit qui arrive en nous et révèle à l’autre ce même Esprit qu’il a déjà en lui. Il arrive, plus souvent qu’à son tour, que ce qui se passe chez l’autre fasse vibrer en nous un espace non encore reconnu, comme le Magnificat a pu jaillir de Marie lors du tressaillement d’Elisabeth. Rien de tout cela ne s’appelle transmission, rien de tout cela n’est mesurable. Il ne s’agit que de la Vie toujours en mouvement, déjà-là et toujours à venir.

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Anne Deshusses-Raemy fut enseignante de musique, puis enseignante primaire spécialisée avec des enfants ayant des troubles de personnalité. Après ses études de théologie à Strasbourg, nommée assistante pastorale à Genève, elle enseigne à l’Atelier Oecuménique de Théologie et travaille au Service catholique de catéchèse.

 

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Transmettre la foi par la catéchèse https://www.revue-sources.org/transmettre-la-foi-par-la-catechese/ https://www.revue-sources.org/transmettre-la-foi-par-la-catechese/#respond Sun, 01 Apr 2012 11:36:36 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=137 [print-me]

La foi est un don de Dieu et, dans ce cas, peut-on envisager de la transmettre? La réponse est à la fois négative et positive. Je ne peux pas transmettre le don de Dieu: c’est l’Esprit qui le fait! Par contre je peux amener à une meilleure compréhension et intelligence de ce don et de la Parole que Jésus Christ nous a révélée. Et c’est là l’œuvre de la pédagogie religieuse.

Le contenu à enseigner

La pédagogie fait appel à la dimension de l’apprentissage. Les questions qui sont posées sont celles de savoir ce qui doit être transmis, comment et par qui.

Le contenu de la pédagogie religieuse paraît tout simple: c’est la Bonne Nouvelle éclairée par la Tradition. Ces trois mots paraissent bien simples et pourtant… Jésus lui-même, pédagogue-modèle, a connu un bon nombre de difficultés pour faire comprendre à ses disciples le contenu de la Bonne Nouvelle. Il semble donc que cela n’aille pas de soi.

Premièrement, cela suppose d’avoir soi-même acquis l’intelligence de ce que l’on veut transmettre, c’est-à-dire d’avoir une connaissance suffisante des différents éléments, de leur contexte et de leur signification. En d’autres termes, si je dois expliquer à des enfants ou des jeunes un texte du Nouveau Testament, d’un Père de l’Eglise ou d’un Maître spirituel, cela suppose une réelle exégèse du texte pour en apprécier le contexte, le sens donné aux termes utilisés, la signification à l’époque de son écriture et aujourd’hui. Sans cela, on peut affirmer de façon inconsciente des contre-vérités, des erreurs historiques, philosophiques ou théologiques ce qui est dommageable pour l’auditeur.

Deuxièmement, comme le disait saint Thomas, il convient de transmettre ce que l’on a soi-même contemplé: le contenu enseigné doit, en plus d’avoir été assimilé par l’intelligence, être prié, contemplé et assimilé par la foi du catéchiste. En effet, les enfants et les jeunes sont très sensibles à l’authenticité du témoignage du catéchiste et à sa cohérence (entre ce qu’il dit et ce qu’il fait mais aussi entre les différents éléments qu’il affirme).

La méthode

Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir une grande variété de méthodes éducatives. Il s’agit de s’appuyer sur ces méthodes et de les exploiter le mieux possible comme le suggère Vatican II.

Les enfants passent la plus grande partie de leur temps à l’école et, en Suisse Romande, les méthodes pédagogiques sont assez variées: les manuels conseillent vivement les méthodes centrées sur l’élève et sur ses apprentissages et insistent sur la capacité de l’élève à construire ses savoirs à partir de ce qu’il sait déjà. Toutefois, dans la réalité, on voit que les méthodes sont variées. Il y a les traditionnelles (le maître enseigne, les élèves écoutent… ou pas), les behavioristes (les bons comportements sont récompensés), les constructivistes ou autres. Le catéchiste qui souhaite transmettre un savoir, un savoir-faire et/ou un savoir-devenir doit en tenir compte. Les élèves ne restent plus des heures à écouter un adulte et apprennent par des canaux très diversifiés. Ce qui permet à des enfants ayant des formes d’intelligence qui ne sont pas seulement « intellectuelles » d’apprendre aussi à leur façon. Un catéchiste doit donc tenir compte de cela pour planifier ses interventions et les varier pour que la majorité de son auditoire puisse avoir une chance d’apprendre.

Le catéchiste est envoyé comme un semeur. Il annonce la Bonne Nouvelle, mais sans attendre de récolte.

Un catéchiste est donc appelé à préparer le contenu qu’il souhaite transmettre. Pour le faire, il doit:

–    Déterminer le savoir, le savoir-faire et le savoir-devenir qu’il veut transmettre en restant réaliste et en vérifiant que le contenu soit adapté à l’âge et au groupe auquel il s’adresse (on ne peut pas tout dire à la fois, en fonction du lieu, de la situation et des événements précédents ou à venir, il faut souvent adapter ce qui est pensé à son auditoire).

–    Choisir la méthode pédagogique qui convient le mieux (pour une nouvelle thématique complexe, un travail de groupe est inapproprié alors qu’un exposé est plus adéquat; pour connaître ce que les élèves savent déjà, un travail en petit groupe est plus adéquat, etc.).

–    Vérifier que les élèves ont atteint les objectifs d’apprentissage qui ont été fixés par des questions, un exposé, des dessins, etc.

Un catéchiste à l’écoute de Dieu

Dans le domaine de la foi, les enfants et les jeunes ont une proximité à Dieu qui nous surprend souvent. Le catéchiste doit être à l’écoute:

–    de l’Esprit qui est celui qui donne et qui soutient la démarche de la foi.

–    de l’enfant, pour tenter de comprendre ce que l’enfant dit de Dieu et de relever tout le positif de son expression religieuse (il n’est pas nécessaire que les enfants aient une précision terminologique; il est essentiel par contre qu’ils soient capables d’avoir un dialogue avec Dieu même si les mots ne sont pas adéquats)

–    de l’Eglise qui l’envoie en mission pour être un relais entre elle et le croyant.

Le catéchiste est envoyé comme un semeur. Il annonce la Bonne Nouvelle, mais sans attendre de récolte. Sa tâche est immense: il se doit d’être un modèle dans sa pratique, dans ses paroles; il doit transmettre le message de l’Evangile et de l’Eglise avec précision et avec les méthodes adéquates pour être entendu et écouté. L’Eglise se doit donc de mettre tous les moyens nécessaires pour une formation théologique, spirituelle et pédagogique suffisante. C’est une condition sine qua non pour que les catéchistes puissent mener à bien leur mission et répondre aux exigences de notre société.

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Nicole Awaïs-Giroud, après avoir obtenu un doctorat en théologie et un DAS en didactique, a collaboré comme didacticienne et formatrice d’adultes dans la formation des enseignant-e-s en Valais et à Fribourg. Outre ses charges de cours à l’Université de Fribourg, elle travaille comme collaboratrice pédagogique dans la Fondation Education et Développement.

 

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La foi est MIENNE! https://www.revue-sources.org/la-foi-est-mienne/ https://www.revue-sources.org/la-foi-est-mienne/#respond Sun, 01 Apr 2012 11:34:17 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=134 [print-me]

J’imagine les lecteurs de SOURCES parents et grands-parents. Ils ont mis des enfants au monde, les ont vu grandir, quitter le foyer familial, fonder à leur tour une famille. S’il est vrai qu’ils se disent souvent heureux et comblés, nombreux gardent au fond de leur cœur une souffrance réelle: « Nous n’avons pas su transmettre à nos enfants la foi chrétienne et l’amour de l’Eglise ». Les enfants « ne pratiquent pas ». Les petits-enfants « ne sont plus baptisés ». Se disent heureux les parents qui ont tout juste vu l’un ou l’autre de leurs enfants « se marier à l’église ».

Un bémol à ce scénario

Commençons par mettre un bémol à ce scénario catastrophique! La présence régulière et renouvelée de jeunes foyers dans certaines églises de France (notamment en milieu urbain et monastique) prouve que la transmission de la foi chrétienne d’une génération à l’autre est bel et bien possible. Y compris le goût pour la Messe dominicale. Mais s’agit-il là de transmission? Ne devrions-nous pas plutôt parler de (re)découverte de la foi, de reprise de la pratique religieuse, de recommencement après des années de défection, de foi engendrée parvenue à maturation?

Ce billet sera donc à lire comme un plaidoyer invitant les aînés à vivre leur foi comme un précieux trésor personnel!

Revenons à nos parents et grands-parents angoissés et inconsolables! Si la transmission de la foi (et de bien d’autres éléments éducatifs) demeure un objectif légitime du rôle de parents-éducateurs, celui-ci, cependant, ne saurait s’y mesurer et s’y épuiser. La foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit est un acte trop intime, trop personnel, trop individuel pour qu’on puisse la transmettre. A 60 ans, et encore moins à 70, on n’a ni l’obligation ni le droit d‘apprécier sa foi personnelle à ce qu’en auront fait et retenu ses propres enfants et petits-enfants.

La foi des aînés

Ce billet sera donc à lire comme un plaidoyer invitant les aînés (le troisième âge) à vivre leur foi comme un précieux trésor personnel que personne dans le monde ne viendra leur arracher. La foi leur appartient. Si la souffrance devant l’incapacité de la transmettre est réelle et compréhensible, elle ne doit pas pour autant amener les grands-parents à lâcher prise, eux aussi. Trop de grands-parents se découragent! On les voit finir leurs jours en faisant comme les jeunes…

La difficulté évoquée me semble particulièrement catholique. Plus que dans les autres confessions chrétiennes, la réussite des parents catholiques se mesure à la passation de la foi. Ne devrions-nous pas regarder du côté des réformés, des méthodistes, des évangélistes. Chez eux, « croire » demeure un acte profondément personnel. Ce trésor, certes, aspire à être partagé et à se faire témoignage, sans pour autant s’hériter. A ce titre, il ne cesse d’être un don individuel avant de devenir familial. Eminemment intime, il fera partie de ces joyaux que l’on conserve soigneusement lorsque pointe à l’horizon le soir de la vie. On ne s’en départira pas au moment de prendre sa retraite. Pas plus qu’au jour de l’entrée en maison de retraite. La foi n’est pas celle des autres. La foi est MIENNE!

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Le frère dominicain suisse Clau Lombriser est curé de la Mission Catholique de Langue Française (MCLF) de Zurich. Il est aussi membre du Comité de rédaction de la revue « Sources ».

 

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«Va dire à mes frères…» https://www.revue-sources.org/va-dire-a-freres/ https://www.revue-sources.org/va-dire-a-freres/#respond Sat, 31 Mar 2012 00:01:16 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=920 [print-me]

Au petit matin de Pâques, Marie de Magdala reçoit cette consigne du Ressuscité qu’elle avait d’abord confondu avec le jardinier: « Va dire à mes frères: J’ai vu le Seigneur ». Une femme, l’apôtre des Apôtres, répand aux quatre vents l’étrange rumeur: « la mort n’a pas le dernier mot ».

Depuis près de deux mille ans, cette bonne nouvelle est répercutée par de milliers d’autres voix, relayées par des écrivains, des poètes, des peintres ou des musiciens – l’Alleluia de Haendel ! – qui modulent à leur manière le témoignage primitif de la Magdaléenne.

Toutefois, cette foule de témoins est impuissante à faire naître le moindre acte de foi. Ces hommes et ces femmes ne font que proposer et rendre crédible le message pascal. Ils ne sont que des balises sur un chemin qui peut être long. Ils ne remplaceront jamais le: »je crois » ou le: « je vois ». Entre les médiations humaines indispensables et la conviction du croyant, il y a donc place pour une expérience personnelle, mystérieuse, singulière et généralement indicible. Elle est de l’ordre de l’amour plutôt que de celui de l’esprit rationnel et ratiocinant.

A l’aube d’une « année de la foi », cette recherche n’est pas anodine.

Notre dossier a voulu aborder cette problématique difficile qui atteint de plein fouet la pastorale de nos Eglises. Nos aînés ont-ils raison de se lamenter du fait que leur foi ne se transmet plus? Nos catéchistes ne devraient-ils pas cesser de se culpabiliser face à tant d’échecs et d’indifférences au terme de longs efforts compétents et généreux? La question n’est pas réglée par le choix de nouvelles méthodes d’apprentissage ou par l’arrivée d’agents pastoraux qualifiés et bardés de diplômes. La réponse se situe au niveau de l’assentiment qui ne peut être que personnel.

Pour y voir plus clair, nous avons sollicité l’avis de théologiens, de biblistes, et, bien sûr, de personnes engagées et expérimentées dans l’art de la catéchèse. A l’aube d’une « année de la foi », cette recherche n’est pas anodine.

L’abondance et l’intérêt des contributions reçues ou sollicitées donnent à ce dossier une importance inaccoutumée. Nous avons conscience que les autres rubriques présentes habituellement dans nos numéros sont cette fois-ci éclipsées par le sujet du dossier. Que nos lecteurs se rassurent. Les numéros qui suivront respecteront la diversité des sujets auxquels ils ont droit.

Je termine cet éditorial par une note positive. Notre premier numéro « nouveau look » a été reçu avec faveur et même enthousiasme. Le thème abordé, le dialogue interreligieux après Assise, a suscité lui aussi beaucoup d’échos encourageants. Ces signes nous font du bien et soutiennent nos efforts et notre plaisir de vous servir.

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