Liturgie – Revue Sources https://www.revue-sources.org Tue, 28 Nov 2017 16:17:24 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 Le vêtement liturgique https://www.revue-sources.org/le-vetement-liturgique/ https://www.revue-sources.org/le-vetement-liturgique/#respond Wed, 29 Nov 2017 22:35:57 +0000 https://revue-sources.cath.ch/?p=2434 Dès le quatrième siècle, l’Eglise romaine précise la place et le vêtement de ceux qui président l’eucharistie. Non sans se laisser influencer par les us et coutumes de la société civile. Au fil des siècles, l’aube, l’étole, la chasuble et même la mitre épiscopale acquièrent un sens spirituel et même mystique qui fait oublier la portée utilitaire de ces vêtements, devenus avec le temps des ornements et des parements. Retour sur leur histoire. 

Si l’Ancien Testament donne de nombreuses prescriptions sur l’habillement du grand-prêtre et des personnes attachées à la liturgie du Temple, le Nouveau Testament ne fait pas mention de vêtements particuliers pour l’action liturgique, sinon dans la liturgie céleste de l’Apocalypse où les élus sont vêtus de blanc. Dans les premières communautés, ceux qui présidaient l’eucharistie se distinguaient sans doute d’abord par la place qu’ils occupaient et la fonction qu’ils exerçaient.

Ce n’est que peu à peu que les chefs de la communauté porteront des vêtements et des insignes distinctifs, marques d’honneur empruntées à la société civile, qui n’étaient d’ailleurs pas réservées à la liturgie. Enfin, dès le début du Moyen Age, on a eu tendance à rapprocher les évêques des grands-prêtres de l’Ancien Testament, ce qui a eu une influence sur leur vêtement liturgique, comme on le verra à propos de la mitre.

Ce que dit la Présentation Générale du Missel

Sur notre propos, lisons la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR) au n. 335: Dans l’Eglise, qui est le Corps du Christ, tous les membres n’exercent pas la même fonction. Cette diversité des ministères dans la célébration de l’Eucharistie se manifeste extérieurement par la diversité des vêtements liturgiques, qui doivent dont être le signe de la fonction propre à chaque ministre. Il faut cependant que ces vêtements contribuent aussi à la beauté de l’action liturgique. Il convient que les vêtements liturgiques des prêtres et des diacres, ainsi que des ministres laïcs, soient bénis avant de servir pour la liturgie, selon le rite prévu dans le Rituel romain.

Si la beauté et la dignité (donc la convenance par rapport au degré de solennité ou au style de l’église) sont des critères importants, ce qui vient en premier, c’est que les vêtements permettent d’identifier la fonction des ministres de la célébration, en particulier celui qui préside l’eucharistie, s’il représente le Christ, il n’a pas à se singulariser par le choix personnel de son vêtement.

Les vêtements liturgiques du prêtre

Commençons par la chasuble et l’étole auxquelles on reconnaît le prêtre qui préside l’eucharistie.

La chasuble

La chasuble est le vêtement aux couleurs du temps liturgique que le prêtre, au moins celui qui préside, revêt au-dessus de l’aube et de l’étole, quand il célèbre la messe, ceci dès le 12e siècle. Le mot vient du latin casula qui signifie ”petite maison”, dénomination qui marque une distance un peu amusée pour ce vêtement hors du commun, où le prêtre a pu sembler enfermé comme dans un espace réservé, ”comme dans une tente” ont dit certains.

On connaît les chasubles ”cloches”, les chasubles ”violon” de l’époque baroque, les amples chasubles plus récentes qui ont renoué avec des formes gothiques ou romaines, façon de marquer, au 19e siècle, son attachement à l’église de Rome. L’emploi de tissus plus légers et plus souples a facilité les derniers changements, alors que les parements de l’époque baroque avaient rendu les chasubles rigides, de sorte qu’il avait fallu les échancrer et les raccourcir pour préserver au prêtre sa liberté de mouvement.

Elles ont en commun d’être d’une pièce et sans manche, avec une ouverture pour la tête du célébrant, lequel, quand c’est une chasuble moderne, doit souvent la faire tourner autour du cou pour la placer dans le bon sens. Ce mouvement nous fait comprendre un ancien nom de la chasuble, planète, qui désigne un vêtement mobile qui tourne autour du cou comme les astres du même nom tournent autour du soleil! La chasuble était aussi appelée paenula, mot désignant un manteau à capuchon, du grec phainolès désignant un manteau couvrant le haut du corps, devenu à la fin de l’Antiquité, le vêtement honorifique des fonctionnaires impériaux, qu’on réservera progressivement aux ministres du culte.

Ce vêtement permet d’identifier le célébrant principal par rapport aux autres membres de l’assemblée. Mais le Moyen Age friand de symboles lui a donné diverses significations: Symbole de la charité qui doit investir l’homme tout entier, suivant la parole dite autrefois par l’évêque remettant au nouveau prêtre sa chasuble : Reçois le vêtement du prêtre qui représente la charité, car Dieu est assez puissant pour l’augmenter en ton âme et parfaire ainsi son œuvre. Symbole d’innocence, suivant la parole dite au moment de déplier la chasuble, pendant l’ordination: Que le Seigneur te revête de l’étole (dans son sens ancien de robe, long vêtement) de l’innocence. Symbole du joug du Christ, selon l’oraison que le prêtre disait au moment de la mettre : Seigneur, toi qui as dit: Mon joug est doux et mon fardeau léger, fais que je puisse le porter et obtenir ainsi ta grâce.

Aujourd’hui, aucune parole n’accompagne la remise de la chasuble au nouveau prêtre, on considère ces interprétations symboliques avec condescendance. A l’homme du Moyen Age, qui devait compter sur sa mémoire plus que sur celle des livres et des ordinateurs, beaucoup d’objets matériels servaient d’aide-mémoire pour des réalités spirituelles importantes, en particulier les vêtements et les objets liturgiques, et la chasuble lui rappelait son devoir essentiel, la charité, et son lien avec le Christ doux et humble de cœur.

L’étole

Jusque dans le Haut Moyen Age, l’ancêtre de notre étole était appelé orarium (de os, visage) et se présentait sous la forme d’un linge fin, une sorte de mouchoir ou d’écharpe, dont les personnages d’un certain rang se servaient pour s’essuyer le visage, en particulier quand ils prenaient la parole en public. On comprend qu’il ait été adopté comme un signe honorifique par les orateurs (encore un mot venant de os)qu’étaient évêques, prêtres et diacres. Mais si les Grecs ont gardé ce mot, sous la forme d’orarion, les Latins ont préféré finalement le mot stola qui désignait à l’origine un long vêtement, puis, dès l’époque carolingienne, une bande de tissu portée autour du cou tenant lieu d’écharpe, sous le vêtement de dessus, et laissant pendre deux pans égaux. C’est vers le 11e siècle que l’étole prend sa forme actuelle, et dans les siècles suivants que se fixe les diverses façons de la porter. Le diacre la porte à la manière d’une écharpe sur l’épaule gauche pour la lier à la hauteur de la hanche droite. L’évêque et le prêtre en laissent pendre les deux pans sur le devant, mais avant le dernier Concile, le prêtre célébrant la messe la croisait devant la poitrine pour signifier que ses pouvoirs étaient réduits par rapport à ceux de l’évêque. L’ancêtre de notre étole a pu aussi être appelée pallium, mot qui aujourd’hui désigne une pièce de vêtement honorifique bien spécifique portée au-dessus de la chasuble par le pape et ceux auxquels il en fait don.

Au Moyen Age, l’étole représente le joug du Seigneur (selon Mt 11,29s.), ce qui était rappelé par la parole de l’évêque au moment de la remise de l’étole: Reçois le joug du Seigneur, car son joug est doux, et son fardeau léger; ou encore le vêtement perdu par Adam et Eve, et retrouvé, comme le dit la prière au moment de poser l’étole sur les épaules : Rends-moi le vêtement d’immortalité que j’ai perdu par le péché des premiers parents afin que je ne présume pas d’accéder indignement à tes saints mystères avec cet ornement, mais que je mérite de me réjouir éternellement.

Le manipule

Associé autrefois, par la couleur et la qualité du tissu, à la chasuble et à l’étole, le manipule, a disparu du vestiaire liturgique. Dans l’Antiquité, c’était un mouchoir, devenu mouchoir de cérémonie, dont les Romains se servaient pour essuyer la sueur du visage, les larmes ou la salive, ou se protéger la tête du soleil.

Appelé aussi sudarium ou mappula (petite serviette), on s’en servait de la main gauche, puis il remonte sur le bras. Le pape s’en servait pour donner le signal de départ de la procession de l’Introït, comme, dans l’antique Rome, le consul donnait avec une serviette (mappa), le signal pour commencer les jeux.

La dalmatique du diacre

A côté de l’étole diaconale, la dalmatique est le signe distinctif du diacre. Elle tire son nom d’un tissu ou d’un vêtement importé de Dalmatie, sans manche ou à manches courtes et en forme de croix.

Les deux bandes rouges qu’on pouvait souvent y voir, par-devant et par-derrière, symbolisaient l’Ancien et le Nouveau Testament, ou l’amour de Dieu et du prochain, du moins selon Honorius d’Autun.

En la remettant au nouvel ordonné, l’évêque disait: Que le Seigneur te revête de l’habit de salut et du vêtement de joie, et qu’il t’entoure toujours de la dalmatique de justice.

La mitre de l’évêque

Dans une célébration solennelle, il convient que l’évêque revête, en plus de l’aube et de l’étole, et en-dessous de la chasuble, la dalmatique qui lui rappelle qu’il reste serviteur, comme le diacre qu’il a été un temps. Mais arrêtons-nous à l’un de ses insignes distinctifs, qui s’est imposé depuis le milieu du 12e siècle: la mitre. A l’origine, on est loin du couvre-chef identifiable aux deux hautes faces pointues et parallèles qu’on appelle les cornes, prolongées, à l’arrière, par deux bandes de tissu, les fanons, et dont les spécialistes distinguent trois sortes: la mitre romaine dite «précieuse», la mitre orfrayée, et la mitre simple (que les cardinaux et les évêques portent toujours en présence du pape). La mitre, du grec mitra, désignait d’abord un bandeau servant de coiffure, et partant, un turban, voire un diadème, une couronne. Elle était le couvre-chef des notables au même titre que la tiare, le diadème et la couronne, et dans la Septante, elle désigne un couvre-chef liturgique: la coiffure ou une partie de la coiffure du grand prêtre, comme le résume la Lettre d’Aristée, s’appuyant e. a. sur Ex 39,30-31 ou sur Lv 8,9 : Sur la tête, il (le grand-prêtre) porte ce qu’on appelle tiare (kidaris en grec) et, par-dessus, l’inimitable bandeau (mitra), l’insigne royal très saint, avec, en relief sur une feuille d’or et en caractères sacrés, le nom de Dieu . . .

Les paroles qui accompagnaient sa remise en donnent le sens symbolique: Nous posons, Seigneur, sur la tête de ce chef et de ton athlète le casque de protection et de salut, afin que, la face embellie et la tête armée des cornes des deux Testaments il apparaisse terrible aux adversaires de la vérité; et que recevant ta grâce en abondance il soit pour eux un robuste assaillant, toi qui a marqué la face de Moïse ton serviteur – embellie d’avoir part à ta conversation – des cornes très lumineuses de ta clarté et de ta vérité; et qui a ordonné de poser la tiare sur la tête d’Aaron ton pontife. Le canoniste et liturgiste Durand de Mende explicite le symbolisme : La mitre désigne la science de l’un et l’autre Testament, car ses deux cornes sont les deux Testaments: celle de devant, le Nouveau, celle de derrière, l’Ancien, que l’évêque doit savoir tous les deux par cœur et dont il doit frapper, comme avec deux cornes les ennemis de la foi (…) Il doit se montrer armé de deux cornes (…) comme Moïse lorsqu’il descendit du Sinaï. Il ajoute que les deux fanons qui pendent par-derrière représentent l’esprit et la lettre de l’Ecriture.

De l’aube des baptisés à celle des ministres de la liturgie

Pour finir, évoquons l’aube, qui est comme l’organe témoin du déploiement des grâces baptismales dans les divers ministères qu’un baptisé peut exercer au service de l’église, sans oublier l’habit religieux ou monastique, qui n’est pas un habit liturgique, mais renvoie aussi à l’aube baptismale, car le revêtir, c’est poursuivre ce qui a eu lieu au baptême, dépouiller le vieil homme et revêtir le Christ.

Quand elle est revêtue par le nouveau baptisé (le cas ordinaire dans l’église ancienne), l’aube exprime visuellement ce que signifient les paroles du prêtre à celui qui vient d’être baptisé: vous avez revêtu le Christ. Recevez ce vêtement blanc, puissiez-vous garder intacte votre dignité de fils de Dieu . . . Dans l’Eglise ancienne, les nouveaux baptisés participaient en aube, comme les élus de l’Apocalypse (4,4; 6,11; 7,9.13s.; 16,15; 19,8), aux liturgies de l’octave pascale jusqu’au dimanche appelé justement dimanche in albis (= en aubes). L’aube des premiers communiants aujourd’hui en est le souvenir, mais l’évêque lui-même, en revêtant l’aube évoquait la condition eschatologique qu’il partage avec tous les baptisés: Blanchis-moi, Seigneur, et purifie-moi de tout péché, afin que semblable à ceux qui ont lavé leurs vêtements blancs dans le sang de l’Agneau, je puisse jouir des joies éternelles.

Dans cette perspective, on comprend mieux la prescription du Cérémonial des Evêques (1984): le vêtement sacré pour tous les ministres quel que soit leur grade commun est l’aube, serrée autour des reins par le cordon, sauf si elle est faite selon le mode de la soutane afin qu’elle épouse le corps sans cordon.

Le cordon

Un dernier mot sur le cordon: dans la continuité de l’Ancien et du Nouveau Testament, la ceinture ou le cordon liturgique est, pour les ministres qui la portent, signe de service, elle indique aussi que celui qui la porte est ”ceinturé” par Dieu qui le mène, comme Pierre (cf. Jn 21,18), là où il ne pensait pas aller.

Elle est encore symbole de la chasteté à préserver, un motif récurrent dans les anciennes prières de préparation à la messe, par ex. celle du prêtre mettant son cordon: Ceins-moi, Seigneur, de la ceinture de pureté et éteins dans mes reins l’ardeur des passions, afin que la vertu de continence et de chasteté demeure en moi.

Une histoire sainte

Ce parcours sommaire nous montre comment des pièces de vêtements très fonctionnelles au départ (mouchoir, foulard, manteau pour la pluie) sont devenues souvent des insignes honorifiques (étole, chasuble, manipule) portés par les notables qu’étaient devenus, dès la christianisation de l’Empire romain, les évêques, puis les prêtres et les diacres, avant d’être les vêtements liturgiques vénérables que nous connaissons. Il faudrait parler aussi des couleurs, dont le canon actuel ne s’est imposé que vers le 12e siècle, alors que prévalait, dans les temps plus anciens, la règle que plus le tissu était sombre, plus la célébration était solennelle et importante. C’est aussi à travers ces histoires de vêtements, domaine des érudits, que Dieu continue d’écrire l’Histoire Sainte.


Philippe de Roten, frère dominicain suisse du couvent de Genève, est Directeur du Centre Romand de Pastorale Liturgique.

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Iter para tutum https://www.revue-sources.org/iter-para-tutum/ https://www.revue-sources.org/iter-para-tutum/#respond Wed, 15 Jun 2016 02:03:04 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=1398 [print-me]

Il m’arrive de chantonner ce verset extrait de l’«Ave Maris Stella», une hymne du premier millénaire chrétien que la liturgie mariale a rendue célèbre. Trois mots prennent la forme d’une prière à la Vierge: «Aménage-nous un chemin sûr» ou «Prépare-nous un itinéraire sans danger!»

Homo viator

Il faut donc partir, se mettre en chemin. Homo viator, disaient les anciens. Mais partir pour aller où? Vers quoi? Vers qui? Pas forcément en croisière, comme pourrait le suggérer le titre de la Vierge invoquée dans cette hymne. Marie n’est pas l’étoile du berger qui montre aux marins leur route dans la nuit. Le but de l’expédition est bien précisé par les versets qui suivent.

Comme les mages l’ont fait en leur temps, le chrétien entreprend un pèlerinage pour voir Jésus et éprouver à ce spectacle la joie qu’Hérode ne connaît pas. Iter para tutum / Ut videntes Jesum / Semper collaetemur. «Prépare-nous un bon chemin pour qu’à la vue de Jésus nous puissions ensemble nous réjouir.

Désirer voir!

Voir de ses yeux, quoi de plus humain! Ecrire «seen» sur les diverses haltes concoctées par un voyagiste. «Tu as voulu voir Vierzon, Vesoul, Honfleur, Hambourg…», chante Jacques Brel. Puis, tu n’as plus voulu voir Vierzon, Honfleur…Comme toujours!

Le pèlerin qui demande le secours de Marie est un touriste d’une autre veine. Il n’a que faire de Vesoul, Honfleur ou des remparts de Varsovie. Paysages fugitifs qui sautent aux yeux, puis s’évanouissent. C’est Jésus que le pèlerin veut voir. Désir profondément ancré chez ces chrétiens médiévaux qui, faute de voir ce Jésus tant désiré, se contentent de contempler la blanche hostie qui à la messe le représentait.

Pour les satisfaire, les liturgistes de l’époque inventent le rite de l’élévation et sainte Julienne de Cornillon suggère que soit processionné l’ostensoir le jour du Saint Sacrement. Depuis Thomas qui ne voulait croire qu’après l’avoir vu, les chrétiens cheminent à tâtons à la recherche du visage perdu de Jésus. Ce singulier pèlerinage est aussi long que leur vie.

Pas de  regard nostalgie ou nostalgique

Mais sans nostalgie et sans archéologie. Comme s’il s’agissait de retrouver ou reconstituer les traits physiques du fils de Marie. Laissons ce rêve impossible aux romanciers bibliques et aux pèlerins de Palestine. Ce n’est pas le Jésus d’hier qui nous fait signe, mais celui d’aujourd’hui et plus encore celui de demain. «Sans le voir, nous l’aimons et nous tressaillons de joie» chaque fois que son visage prend forme en ceux et celles qui lui ressemblent.

Vers le face à face

Depuis le jour où le signe de la croix a été marqué sur son front, le baptisé chemine à la recherche du visage de Jésus. Comme la fiancée du Cantique, il court à la quête de celui que son cœur aime. Comme le disciple bien aimé, il croit le percevoir dans l’obscurité d’une tombe vide ou au bord d’un lac enfoui sous la brume. La route n’est pas toujours sûre, le chemin mal balisé. Le pèlerin n’est pas à l’abri du faux pas, ni de l’impasse qui conduit nulle part. Il s’égare faute de repères, ou, lassé et découragé, il s’écrase au bord du chemin. A moins qu’il ne cède à la séduction d’autres aventures.

Le chrétien médiéval n’était pas dupe de ces dangers. Il prie Marie de l’en préserver: Iter para tutum! Il prend la Mère comme compagne de route et se laisse conduire par elle jusqu’à l’étape finale: la vision tant attendue, celle que les théologiens d’autrefois appelaient le «face à face» ou la vision bienheureuse, assortie d’une joie imprenable. Ut videntes Jesum semper collaetemur.

La «petite voie»

Nombre de nos contemporains verront dans ce voyage non pas une marche à la clarté de l’étoile, mais l’illusion naïve d’un mirage. Pourtant, eux aussi courent. Mais pour quoi et pour qui courent-ils? Le savent-ils seulement ? Peut-être ne courent-ils que pour s’étourdir et masquer le vide tragique qui marquera la fin de leur parcours.

Entre désespérance et naïveté que choisir? Je ne me laisserai pas enfermer dans ce dilemme. Je m’accroche à une parole d’évangile. Le Fils a le visage du Père. Qui me voit a vu le Père! Pas d’autre chemin vers Dieu que celui-là. Je n’aurai pas assez d’une vie pour le parcourir. Mais, avant qu’elle ne s’épuise: «Je cherche le visage, le visage du Seigneur… tout au fond de vos cœurs!».

Un souvenir m’étreint. Deux jours avant sa mort, au terme d’un long voyage, un frère aîné me confiait avec sérénité : « Je n’ai pas peur de mourir. Je vais voir Dieu».

Ceci dit, je respecte les religions ou les philosophies qui proposent d’autres chemins. Je respecte aussi ceux et celles qui n’en proposent aucun. Mais qu’on ne me détourne pas de ma «petite voie». Elle me suffit .

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Guy Musy

Guy Musy

Guy Musy, rédacteur responsable

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Zundel : Le Poème de la sainte Liturgie https://www.revue-sources.org/zundel-le-poeme-de-la-sainte-liturgie/ https://www.revue-sources.org/zundel-le-poeme-de-la-sainte-liturgie/#respond Tue, 01 Jul 2014 09:38:15 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=326  

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En 1925, Maurice Zundel publie un petit ouvrage intitulé Le Poème de la sainte Liturgie, sous le pseudonyme de Fr. Benoît. Il a alors 28 ans. En 1934, sous son propre nom, il en publie une nouvelle version, corrigée et augmentée. Elle eut un grand succès et connut sept éditions, la dernière en 1954 (c’est cette édition que je vais citer)[1. Aux éditions St-Augustin, St-Maurice (Suisse).]. Le Père Dieudonné Dufrasne réalisa une adaptation de cet ouvrage selon le missel de Paul VI. Elle fut publiée en 1991 avec une préface très élogieuse du cardinal Danneels[2. Coédition Mame – Editions du Moustier]. De ce fait, le Poème continue d’être diffusé et lu encore aujourd’hui.

La vie révèle une capacité d’infini

Dans la préface, Maurice Zundel, parlant de l’Eglise, écrit: « Elle est la Mère, dont la prière jamais lasse se dépense à toute heure, en louange, en appel, vers la très pure Beauté, qui peut seule rassasier de gloire notre âme, avide de grandeur. A la lumière qui éclaire son visage, au rêve de Beauté que reflètent ses traits, ce livre voudrait faire reconnaître en Elle: la demeure de l’Esprit et l’Epouse du Seigneur. » (p. 9)

La divine Liturgie (c’est ainsi que Zundel aime à nommer l’Eucharistie, à la manière de nos frères et sœurs orthodoxes) est le moment par excellence où l’homme, la communauté, l’humanité même expriment leur élan vers la Beauté avec des mots, des gestes, des rites, des choses. C’est pourquoi, elle est, elle doit être un poème, enchâssé dans le silence et la lumière, parce que chaque élément est plus que lui-même et craque vers l’infini de Dieu. Il en est ainsi, parce que, pour Zundel, la nature même de l’homme le requiert. « La vie nous révèle à nous-mêmes comme une capacité d’infini », écrit-il tout au début du Poème (p. 13).

La liturgie comme poème a mission de nous introduire à la face intérieure de choses

La liturgie nous fait toucher à l’infini, en elle-même certes, mais aussi à condition qu’elle soit vécue avec art et recueillement, comme un poème où se dessine en filigrane le visage du Dieu d’amour. « Notre regard s’insère au centre le plus intime des choses et s’épanouit du dedans au dehors suivant le mouvement de la source – saisissant ce dehors même dans la lumière du dedans, épelant la pensée divine dans l’alphabet glorieux des signes. La plus humble réalité luit à l’horizon de l’âme comme un ostensoir, et chaque rencontre ajoute une note nouvelle, en nos cœurs, au Cantique du Soleil. » (p. 21)

L’enjeu est immense et requiert l’attention de tout l’être. Et son ouverture, et sa béance vers l’infini. L’art liturgique, la symbolique des choses, promeuvent ce mouvement où l’homme voit se décliner quelques chemins pour son accomplissement. Zundel était très sensible à cela et manifestait sa tristesse, quand la liturgie se trouvait réduite à une sorte de récitatif unidimensionnel, plat, verbeux et banal.

Le Cantique du soleil

Le modèle de base, si j’ose m’exprimer de façon peu poétique, c’est le Cantique du Soleil de saint François d’Assise, que Zundel reproduit d’ailleurs en entier dans le Poème (pp. 427-428). Dieu est loué avec toutes ses créatures. Et par toutes ses créatures. Notons ici un problème de traduction. L’italien porte « per il sole, la luna, etc ». Per veut dire à la fois pour et par. Certains ont traduit: « sois loué mon Seigneur pour notre sœur la lune », ce qui est banal. Bien meilleure la traduction, et beaucoup plus forte: « sois loué, mon Seigneur, par notre frère le vent ». À mon sens, cette préposition par ouvre à toute la dimension symbolique, si essentielle à la liturgie comme poème.

« Les limites s’effaçaient, la matière diaphane n’était plus qu’un voile de lumière, sur ce Visage ineffable ». Maurice Zundel

Prenons par exemple la strophe de l’eau: « Sois loué, mon Seigneur, par notre sœur l’eau, laquelle est très utile et très humble, précieuse et chaste ». L’eau loue Dieu par son être même; en particulier l’eau des sources, devant laquelle François faisait contemplation. Mais prise dans la conscience et l’action de l’homme, elle porte signification: utile, et humble, et chaste. Et même précieuse, ce qui dans le langage de François, indique qu’elle révèle quelque chose de Dieu. L’amour de Dieu, s’écoule avec fraîcheur et gratuité, comme s’écoule l’eau des sources.

C’est à ces profondeurs symboliques que l’eau, ainsi que tous les autres éléments doivent servir dans la liturgie. Et il importe de le donner à sentir. « Il n’est rien de ce qui est bon, aussi bien, qui ne puisse être investi par la bénédiction de l’Eglise du halo mystérieux de la tendresse divine. » (p. 31)

Comme l’alouette

Car la liturgie comme poème a mission de nous introduire à la face intérieure de choses, que nous pouvons évidemment percevoir par ailleurs. Mais la liturgie, pour Zundel, réalise un exhaussement symbolique des éléments pour leur donner de façon explicite de porter signification de Dieu, comme l’indique ce beau passage: « Comment la fleur répondrait-elle de sa beauté, qui passe avant elle, ne pouvant répondre de son être lui-même passager? (…) Au premier instant que vous admiriez, vous l’avez peut-être pressenti: Il n’y avait tant de plénitude en votre joie, qu’à raison de la rencontre, dans cette beauté, de la Beauté. Les limites s’effaçaient, la matière diaphane n’était plus qu’un voile de lumière, sur ce Visage ineffable. L’espace d’un éclair, vous avez vu la vraie face des choses, connu la joie de l’univers, et rencontré l’Infini. » (pp. 372-373)

Et la liturgie a encore comme mission de transfigurer le langage, ainsi que le geste et le rite. « Comment le langage humain tâcherait-il à exprimer cette Parole qui est le Verbe de Dieu, sans ressentir à chaque instant la blessure de ses propres limites, sans éprouver le besoin incoercible de ce coup d’aile qui emporte l’alouette dans le ravissement enivré d’un vol rapide, vers les régions plus voisines du soleil? Il est vrai que ce langage, pour devenir liturgique, a passé par le feu, qu’il a été immensément ouvert par le baptême de l’Esprit. » (p. 402)

Quelle exigence, dès lors, que l’acte liturgique. Zundel le vivait avec un recueillement impressionnant. Son Poème nous y invite avec force et douceur.

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L’Abbé Marc Donzé, vicaire épiscopal à Lausanne, est un zundélien de réputation internationale. Il a plusieurs publications zundéliennes à son acquis.

 

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Un temps pour célébrer https://www.revue-sources.org/un-temps-pour-celebrer/ https://www.revue-sources.org/un-temps-pour-celebrer/#respond Mon, 01 Jul 2013 08:31:25 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=300 Se poser la question du temps dans la perspective de la foi chrétienne et de sa liturgie, c’est se demander sous quelle influence vivons-nous. Au rythme de quoi ou de qui? Comme les autres hommes, les chrétiens suivent le rythme du soleil et de la lune, mais ils croient que le soleil et la lune sont des créatures de Dieu, qui a dit: « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années », et qui « fit les deux luminaires majeurs: le grand comme puissance du jour et le petit comme puissance de la nuit, et les étoiles» Genèse 1, 14 ss.

Au rythme du Christ

Le temps des croyants, rythmé par les rassemblements de prière et les célébrations, qu’on appelle temps liturgique, est donc sous l’influence du soleil et de la lune, mais pas tout à fait, parce qu’au-delà du soleil (ou de la lune), les chrétiens se mettent au rythme du Christ. Ils ne vivent sous l’influence du soleil que provisoirement. Cela vaut mieux que de vivre comme des girouettes, sans autre repère que le désir de l’instant. Pour nous, le Christ désormais ressuscité et vivant est notre point de repère ultime et décisif. Bien mieux que le soleil, parce que le Christ est LE soleil véritable et sans déclin, qui ne se couche pas et nous fait entrer déjà dans l’éternité, alors que nous sommes encore engagés dans le temps. Le dimanche, jour du Seigneur ressuscité, participe de ces deux dimensions: c’est le premier jour de la semaine et c’est déjà le huitième jour qui nous fait passer au-delà du cycle temporel dans l’éternité de Dieu, dans l’accomplissement de ses promesses. On comprend que le chiffre 8 ait une telle importance dans la tradition chrétienne et qu’il soit devenu le chiffre du baptême. Le nombre 8, en effet, est l’addition de 7, chiffre de la perfection créée, et de 1, chiffre du Saint-Esprit qui vient achever l’œuvre de création. Ce symbolisme du Saint-Esprit s’épanouit dans la fête de la Pentecôte placée sous le chiffre 50, addition de 7 x 7 – la perfection créée au carré! – et de 1, le petit « plus » décisif du Saint-Esprit.

Au fil des jours et des nuits

La dimension symbolique du temps liturgique ne s’arrête pas là. Pour un chrétien, le cycle de chaque jour et de chaque année représente symboliquement les étapes de la vie du Christ et celles de la vie du croyant. Prenons le cycle quotidien du soleil qui se lève, atteint son midi puis se couche. A travers les prières du matin (laudes), de midi et du soir (vêpres), nous suivons au quotidien une initiation qui doit se réaliser sur l’ensemble de notre vie chrétienne.

Au matin, je me laisse réveiller par le soleil et par toute la création qui se découvre à moi sous une lumière nouvelle. Je renais pour ainsi dire, je m’émerveille comme un enfant qui découvre le monde. La prière que je partage est d’abord une prière de louange, d’émerveillement. Au soir, quand le soleil se couche, mon émerveillement a passé à travers l’épreuve du travail et des peines de la journée. Je découvre alors dans les joies et les peines partagées, dans les événements apparemment décousus de ma vie, le fil d’une histoire où Dieu manifeste sa présence. Ma louange du matin, enrichie du combat de la journée, peut devenir action de grâces adressée au Père, pour le Christ, par Lui et avec Lui. Je puis au moment de m’endormir (complies) redire les paroles de Syméon: « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole » (Lc 2,29). Dans une confiance sans réserve, je m’abandonne entre les mains du Père, comme le Christ sur la Croix. J’aborde le sommeil de la nuit comme si c’était déjà le passage de la mort, pour me réveiller au jour nouveau de ma résurrection.

Pour un chrétien, le cycle de chaque jour et de chaque année représente symboliquement les étapes de la vie du Christ.

365 jours de prière ne suffisent pas pour achever cette initiation à la grâce et à la joie de Dieu. Les psaumes sont nos guides privilégiés. Ils nous font découvrir une joie d’autant plus forte et résistante qu’elle passe l’épreuve des angoisses, des déceptions et de tous les sentiments contradictoires qui peuvent nous habiter. Il faut toute une vie pour s’initier à la joie que Dieu nous donne. Toute une vie où la prière tient du combat de celui qui prie à temps et à contre-temps. A force de suivre le cycle des jours et des saisons, on finirait par subir le temps. Mais la vocation du chrétien est de vivre au rythme du Christ, de participer à sa mort et sa résurrection, à son combat et à sa victoire, être libre par rapport au cycle des jours et des saisons. Cette liberté se manifeste de plusieurs façons. Suivant le précepte du Seigneur « Veillez et priez », les moines se mettent en prière avant le lever du soleil (vigiles ou matines). Ils manifestent l’ardeur de leur désir de salut pour le monde et pour eux-mêmes. Ils confessent en même temps Jésus ressuscité, Soleil sans déclin, par opposition à l’autre soleil dont ils peuvent désormais se passer.

Le Kairos

Si la vie familiale, professionnelle et sociale nous empêche de veiller comme les moines (sauf à la Vigile pascale!), elle nous présente suffisamment de surprises et d’imprévus qui sollicitent notre charité. Pour peu que nous soyons prêts à rompre le rythme habituel, à changer notre horaire. Le temps ici se présente sous une autre dimension, celle du « kairos », le temps à ne pas manquer, par opposition au « chronos » imperturbable.

On demandait au comédien Damien Ricour, auteur du spectacle « Bienvenue au paradis », quelle était la difficulté particulière qu’il avait rencontrée pour entrer dans le rôle du Christ. Sa réponse fut que le Christ était la seule personne qui vivait dans le présent, présent sans réserve aux personnes qu’il rencontrait, alors que tous les autres ne peuvent jamais être pleinement présents. Ils sont trop occupés par les soucis du lendemain ou par la mémoire du passé. Le secret de la réussite du comédien qui s’investit dans ce rôle est simplement d’être là, présent. Cette façon d’être n’est-elle pas aussi le secret de la disponibilité du disciple à son Dieu et à son prochain? La porte d’entrée de l’éternité dans le temps? Dans cette perspective, on pourrait dire que le temps de la prière, en nous libérant pour un moment de la pression du passé et du lendemain ainsi que du stress envahissant est une entrée dans l’éternité de Dieu. Un moment assez différent de l’accueil du prochain qui frappe à notre porte à l’improviste. Mais ces deux moments sont complémentaires.

L’année liturgique

La dimension symbolique du temps liturgique se déploie avec des richesses spécifiques dans le rythme de chaque année, dans le déroulement de ce qu’on appelle l’année liturgique. Le cours des saisons se prête à un symbolisme « naturel » qu’on reconnaît facilement: de la nuit de l’hiver au plein midi de l’été en passant par le réveil du printemps et les fruits de l’automne. C’est dans ce symbolisme que s’enracine la symbolique de l’année liturgique chrétienne. Le changement de saisons ne renvoie pas seulement à l’action du Créateur dans sa création, mais aussi à l’action du Dieu Sauveur qui intervient dans l’histoire des hommes. La foi en Christ, Soleil sans déclin, est présente dans la date de Noël, le 25 décembre, qui était aux premiers siècles de l’ère chrétienne la date du solstice d’hiver, le jour où le soleil recommençait à croître. Nous avons déjà évoqué Pâques et la Pentecôte qui marquent le début et la fin du temps pascal, le premier temps fort de l’année liturgique, suivi par le temps de Noël qui se termine avec la fête du baptême du Seigneur. Il faudrait évoquer le Carême et l’Avent ainsi que les solennités et les fêtes qui parcourent l’année. Autant d’occasions de faire mémoire des événements de la vie du Christ et de l’histoire du salut.

Eternel aujourd’hui

« Faire mémoire »: voilà bien une activité vitale pour notre vie chrétienne. Elle détermine notre rapport au temps. Si notre vocation est de suivre le Christ, de vivre à son rythme, notre capacité d’oubli exige que nous ayons besoin de fêtes et de célébrations régulières pour raviver notre mémoire. Ce qui est plus facile quand on le fait en communauté. Nous faisons ainsi mémoire de certains événements du passé qui sont « fondateurs » pour nous. En tout premier lieu les événements de la vie du Christ qui nous font comprendre et dire que Dieu nous aime.

Mais Dieu nous aime à sa manière qui dépasse notre entendement. On peut dire avec indifférence: Dieu n’existe pas ou: Dieu peut exister. Mais on ne peut vraiment dire: Dieu m’a aimé et ne m’aime plus, ou encore, Seigneur, je t’ai aimé, mais maintenant je ne t’aime plus. Cette « spécificité » de l’Amour de Dieu fait que la fête de Pâques soit bien davantage qu’un simple acte de mémoire ou une cérémonie du souvenir où nous évoquons un bienfaiteur disparu. Non. L’amour de Dieu pour nous se conjugue toujours au présent. Le Père m’aime maintenant tel que je suis. Il me le manifeste par le Christ Ressuscité qui révèle la puissance, la fidélité de l’Amour du Père. Ainsi chaque événement du passé où Dieu a manifesté son amour reste présent. Ainsi chaque Jeudi Saint on peut dire: Aujourd’hui, le Christ nous donne l’Eucharistie, le sacrement de sa Présence sous les espèces du pain et du vin. Chaque Vendredi Saint, on peut dire: Aujourd’hui, le Christ est arrêté, crucifié, mis à mort pour notre salut. De même, on peut dire aussi: Aujourd’hui, Jésus est baptiséAujourd’hui, Jésus est transfiguréAujourd’hui, Jésus guérit.Aujourd’hui, le Christ me parle. De là le poids de ces refrains traditionnels du temps de Noël ou de Pâques: Aujourd’hui nous est né un SauveurAujourd’hui, le Christ est ressuscité, ou encore: Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia! Le Père nous aime aujourd’hui; son amour est fidèle; il ne nous abandonne pas à la mort et nous le prouve en ressuscitant son Fils.

Voilà bien le secret de notre rapport au temps: vivre l’ordinaire du quotidien de façon à y reconnaître l’extraordinaire de Dieu.


Philippe de Roten

Philippe de Roten

Le frère dominicain Philippe de Roten, prieur du couvent St. Hyacinthe de Fribourg, est aumônier de l’Université de cette même ville. Ses études théologiques furent couronnées par un doctorat en liturgie.

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Allons, ami, à la rencontre de la fiancée,
accueillir le shabbat.

Allons accueillir le shabbat,
source de bénédiction,
destiné de temps immémorial,
à couronner la Création.

Sanctuaire royal, ville royale,
debout, relève-toi de tes ruines!
Assez végété dans la vallée des larmes,
la miséricorde divine t’attend.

Secoue ta poussière, lève-toi,
pare-toi de tes vêtements de gloire, ô mon peuple
grâce au fils d’Ichaï de Bethléem,
mon âme sent venir le salut.

Réveille-toi, réveille-toi,
ton aube point, lève-toi, rayonne,
debout, debout, entonne un cantique
la gloire du Seigneur resplendit sur toi.

(Guide spirituel des pèlerins, Magnificat – Terre Sainte, p. 394-395).

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