Revue Sources

La Plateforme Dignité et Développement analyse les questions de société sous l’angle de l’enseignement social chrétien.

Voulue par Mgr Morerod[1] afin de situer la diaconie en Suisse romande dans un contexte plus large, elle permet – à une échelle régionale – de penser globalement ce qui se fait localement. Dans un esprit de subsidiarité et d’ouverture œcuménique, la Plateforme Dignité et Développement offre un espace de réflexion et un support aux initiatives existantes pour les aider à approfondir le sens de leur engagement à la lumière de la pensée sociale chrétienne. Son travail se déploie par cycle de quatre ans. Un premier cycle a été initié à la suite de la Conférence sur le bien commun qui s’est tenue à Fribourg les 3-5 septembre 2015.

Contextualiser l’enseignement social de l’Eglise

Comme en témoigne l’ouvrage Le bien commun par-delà les impasses, fruit de ce premier colloque, la Plateforme Dignité et Développement cherche à faire l’interface entre les défis qui se posent sur le terrain et les principes chrétiens d’action, formalisés du côté catholique, dans un vaste chantier appelé Doctrine sociale de l’Eglise. Si nous avons la chance d’avoir – de Rerum novarum à Laudato Sí – un corpus de textes organisés, il importe, comme le rappelle Justin Welby, archevêque de Cantorbéry et primat de l’Eglise d’Angleterre, que ce trésor ne reste pas le mieux gardé du Vatican! D’où la nécessité de le contextualiser sans cesse, car ses principes ne dépassent bien souvent pas le stade des vœux pieux, faute de savoir comment les traduire concrètement dans nos réalités respectives.

C’est à cela que s’emploie la Plateforme Dignité et Développement. Il s’agit, à la fois, de voir comment des notions comme la dignité de la personne, la destination universelle des biens, la solidarité, la subsidiarité peuvent devenir opératoires en contribuant, dans un contexte donné, à un développement intégral; à la fois, de faire remonter les préoccupations du terrain pour nourrir ce corpus, dans un va-et-vient permanent entre «théorie» et «pratique». Voir et juger pour agir de concert. Son action se laisse ainsi circonscrire par le discernement évangélique auquel nous invite le pape François:

«Aujourd’hui, on a l’habitude de parler d’un ‘excès de diagnostic’ qui n’est pas toujours accompagné de propositions qui apportent des solutions et qui soient réellement applicables. D’autre part, un regard purement sociologique, qui aurait la prétention d’embrasser toute la réalité d’une façon neutre et aseptisée avec sa méthodologie propre, ne nous servirait pas non plus. Ce que j’entends offrir va plutôt dans la ligne d’un discernement évangélique.» (La joie de l’Evangile n° 50).

Groupes d’action sur le terrain…

Sous cet angle, des questions d’actualités comme la sobriété, le chômage en Suisse, la dignité au travail et l’impact de la numérisation sont abordées, en premier lieu, au sein de groupes de travail bénévoles, en lien avec les différentes pastorales sociales romandes et en collaboration avec des milieux académiques et associatifs comme Chrétiens au travail, le Laboratoire pour la transition intérieure de Pain Pour le Prochain, l’Association Internationale pour l’enseignement social chrétien (AIESC), l’Université de Fribourg ou encore le Centre Catholique Romand de Formations en Eglise (CCRFE), etc.

et ateliers transversaux

La Plateforme Dignité et Développement organise également des ateliers transversaux ouverts à toute personne intéressée. Chaque atelier approfondit l’un des principes d’action mis en avant par le pape François dans La joie de l’Evangile (cf. n° 221-237). Ainsi après un atelier consacré à la relation comme mesure de la qualité d’une organisation, la question des temporalités longues et courtes en balance avec son impact sur l’espace a été abordée du point de vue de l’entreprise et celle du poids de l’idée sur la réalité en lien avec le monde des médias. En marge des dernières votations sur l’initiative Monnaie pleine, un document intitulé La monnaie, le crédit et sa rémunération au regard de l’enseignement social chrétien a été produit pour éclairer le débat.

Une formation en ligne originale

Enfin, du point de vue de la prédication, l’action de la Plateforme Dignité et Développement offre un intéressant – et insoupçonné! – point de contact évangélique avec nos contemporains. L’enseignement social chrétien, de par sa nature, représente une prodigieuse traduction sociale de l’Evangile. Il devient dès lors possible de faire un bout de chemin ensemble, avec des personnes éloignées de la foi qui partagent ce même souci de la justice et de paix, au service du bien commun. Car comme le rappelle Benoît XVI, «la doctrine sociale catholique (…) ne veut pas imposer à ceux qui ne partagent pas sa foi des perspectives et des manières d’être qui lui appartiennent. Elle veut simplement contribuer à la purification de la raison et apporter sa contribution, pour faire en sorte que ce qui est juste puisse être ici et maintenant reconnu, et aussi mis en œuvre (…)» (Dieu est amour n° 28). En ce sens, la Plateforme Dignité et Développement développe pour 2019 une formation en ligne originale: L’éthique sociale chrétienne pour nourrir la vie. Son approche consiste non pas à présenter d’une manière classique et statique l’enseignement social chrétien, mais à le mettre en œuvre en dialogue avec les défis posés par le monde professionnel pour que chacun puisse, à terme, repartir avec des outils qui l’aide à donner du sens et féconder son quotidien.


Pascal Ortelli est animateur et coordinateur de la Plateforme Dignité et Développement.


Plus d’infos: www.dignitedeveloppement.ch

Prochain atelier sur la question de la précarité en lien avec le principe «Le tout est supérieur à la partie»

Jeudi 8 novembre 2018, 18h-21h à la Salle paroissiale du Sacré-Cœur à Lausanne

[1] En fait, la création de la Plateforme dont il est question a été suggérée par l’évêque du diocèse comme réponse à la disparition – contestée – de la Commission Tiers-Monde (COTMEC) de l’Eglise catholique romaine de Genève (ECR).

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